La conscience et le monde Jean Klein traduction de Alain Porte entretiens réunis et publiés par Emma Edwards
Résumé
Nous ne nous connaissons qu'en relation à quelque chose. Nous ne connaissons qu'un "je" qualifié. Ce livre concerne le "je suis" antérieur à toute qualification, ce que nous sommes avant l'intervention de l'esprit ; c'est-à-dire notre vraie nature, notre vérité, une vérité qui n'a rien à voir avec l'accumulation des faits. Notre vraie nature est sans cause, autonome et, seulement dans ce sens, réelle.
- Auteur :
- Klein, Jean (1912-1998)
- Traducteur :
- Porte, Alain (1942-....) ; Edwards, Emma
- Éditeur :
- Paris, Éd. Accarias-l'Originel, impr. 2010
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Mots-clés :
-
- Nom commun :
- Conscience | Moi (philosophie) | Connaissance de soi
- Description du livre original :
- 1 vol. (172 p.) : couv. ill. en coul. ; 21 cm
- ISBN :
- 9782863161777 ; 9782863162699.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Mention légale.
- À propos de ce livre numérique :
- Du même auteur.
- Quatrième de couverture.
- Sommaire
- Note du traducteur.
- 1.
- Quel est le mobile premier de nos actes ?
- Est-il vrai que, lorsque nous considérons notre entourage dans le silence de la conscience, il accède à une harmonie naturelle?
- Vous avez dit que la seule raison d'être des objets était de pointer vers le percipient ultime, ce que réellement nous sommes. Ne pensez vous pas qu'il existe des objets qui, par leur nature même, nous mettent en contact direct avec l'ultime? Je songeais aux œuvres d'art, car elles me semblent directement issues du cœur de l'artiste.
- Vous avez dit que l'objet stimule notre propre beauté, mais je croyais que la beauté n'avait pas de cause...
- A quoi tient le pouvoir de l'objet?
- Je ne suis pas sûr que tout le monde soit capable d'être pleinement réceptif à ces œuvres d'art.
- Quand on est proche de vous, vous encouragez vos amis à savoir apprécier la beauté dans l'art, dans la musique, dans leur entourage. Manifestement vous ressentez cela comme un "sadhana" très important. Comment le fait d'apprécier l'art nous aide à poser la question : "qui suis-je ?" avec plus de pertinence ?
- II.
- Mais l'ego joue un rôle très important dans la vie quotidienne, tout dépend de lui, n'est-ce pas?
- Comment puis-je me libérer de la confusion mentale ?
- Vous avez dit une fois : il n'y a que la vérité. L'ego n'est-il donc pas aussi la vérité?
- III.
- Vous dites : sentir l'état premier du corps. Comment parvenir à connaître ce sentiment premier ?
- Vous parlez de cette perception physique toute neuve comme d'une énergie. Est-ce que cette perception est passive ou active ?
- Il me semble que le rayonnement dont vous parlez appartient à une sensation tactile. Que percevons-nous de l'état naturel de nos autres sens, l'ouïe, la vue, l'odorat, et le goût ?
- Vous dites que les énergies sont complètement libres, qu'elles ne se limitent pas à la structure physique du corps. Est-ce que cela signifie que le corps énergétique nous permet d'oser toutes sortes de mouvements interdits au corps physique ?
- Comment, précisément, cette approche physique et aussi certains régimes peuvent-ils nous aider à trouver l'impersonnalité de notre vraie nature ?
- Si je laisse mon corps et mon esprit suivre leur pente naturelle, sans une discipline, ne vont-ils pas s'élancer comme des chevaux sauvages ?
- IV.
- Si je suis parfait et s'il n 'y a rien à faire, pourquoi suis-je ici, pourquoi cette existence terrestre ?
- Mais mon manque de connaissance appartient à l'imperfection, aussi comment puis-je être parfait ? Il y a toujours une ignorance à chasser.
- Monsieur, la réponse que vous venez de donner à cette dame semble la satisfaire, mais je ne la comprends pas. Pouvez-vous descendre à mon niveau de compréhension ?
- Je me sens impatient de connaître ma vraie nature. Parce que je ne sens pas encore de clarté réelle, je suis repris par les objets. Au lieu d'être davantage sollicité par le silence, je le suis moins.
- Comment puis-je me libérer du flot continuel et agité de mes pensées ?
- Ainsi cet état naturel d'attention ne signifie pas que je doive être complètement affranchi de toute pensée ?
- Si je vous comprends bien, quand je suis envahi par le programme de travail du lendemain, par des problèmes de famille, ou par des rêveries je n'ai ni à les encourager, ni à les suivre passivement, ni à les expulser par la force - mais je dois simplement laisser l'accent passer de la pensée à son observation. Vous dites alors qu'elle se résorbera dans l'observation, est-ce exact ?
- Et une fois que j'ai perçu l'attention non-orientée, est-ce que les pensées surgissent encore ? Ou ne font-elles qu 'aller et venir avec plus de rapidité, sans faire toute une histoire ?
- De sorte qu'arrive un moment où les pensées ne sont plus formulées du tout et qu 'il n'y a plus que l'élan de la pensée ?
- Il me semble qu'entre l'état d'un esprit agité et la disparition de l'élan de la pensée, il existe une transition. En est-il ainsi ?
- S'il n'y a pas de progrès, qu'est-ce que la mémoire ?
- Si je ne fais qu'un avec la fonction et que rien ne soit à l'extérieur, comment puis-je en avoir plus tard le souvenir ?
- Quand sommes-nous témoins de nos actions ?
- Ne faudrait-il pas faire un effort pour nous améliorer ?
- 5.
- Mais ne pouvons-nous pas obtenir la tranquillité de l'esprit par la méditation?
- Mais certaines formes de méditation nous conduisent à la tranquillité de l'esprit et nous prépare à être reçu par ce qui est derrière le mantra.
- Pouvons-nous parvenir à la libération et à la tranquillité en aidant les autres comme l'enseigne le Christianisme ?
- Mais avant que je n'aie compris, une aide fragmentaire n'est-elle pas meilleure que pas d'aide du tout ?
- Qu'entendez-vous par "aidez avec discrimination"?
- Pourquoi dites-vous qu'une perception est plus proche de la vérité qu 'un concept ?
- Si je comprends bien, les sens sont en contact avec notre entourage, mais nous perdons ce contact parce que nous vivons dans le souvenir d'une sensation antérieure?
- Est-ce une perception non-duelle ou pouvons-nous nous rapprocher davantage de la non-dualité ?
- Comment pouvons-nous être conscients de la conscience dans laquelle apparaît la perception ?
- Est-ce que cette conscience de soi n 'est pas aussi une perception ?
- Quelle est la différence entre cette aperception et ce que vous appelez perception directe ?
- Pourquoi ne peut-il y avoir ad infinitum une chaîne régressive de perceptions ?
- Pourquoi devons-nous avoir une totalité ? Notre être ne peut-il pas être une régression infinie ?
- Avons-nous très peu de pures perceptions ?
- Est-ce ce présent durable sans intervention de la mémoire que vous désignez par : écoute ?
- Vous dites que nous ne pouvons aller et méditer. Ce que vous appelez méditation est l'arrière-plan, le contenant, mais que ce n'est pas s'asseoir et écouter, rester présent. Que faudrait-il entendre normalement par méditation ?
- Devrais-je m'asseoir régulièrement pour trouver celui qui médite ou bien pour constater qu'on ne peut le trouver ?
- Que faire si l'invitation ne se produit pas très souvent ? J'ai une vie très remplie, elle me semble occulter les invitations.
- Mais je sais que je suis perdu dans mes activités. J'en suis très conscient, c'est pourquoi je suis venu ici vous poser la question. Voir n'est pas suffisant.
- En méditant, ma respiration parfois me perturbe. Je sens cela comme quelque chose de compact que j'aimerais arrêter.
- Cette écoute n'est-elle pas une perception ?
- Alors, est-ce que l'écoute est identique à la conscience ou est-ce une expression de la conscience ?
- Comment pouvons-nous être cette conscience, ce silence, et en même temps poursuivre une activité qui fait appel à la mémoire, à l'utilisation de concepts et autres formes de présence d'esprit ?
- Quel goût a cette conscience ? Je suppose qu'elle n'est pas complètement dépourvue de saveur ?
- Pourrions-nous dire que cette connaissance est du miel et que nous le goûtons à tout instant ?
- Ma plus grande pierre d'achoppement est le monde de différence qui existe entre l intuition que je rencontre dans la méditation et le fait que tout soit oublié une fois que j'entreprends mes activités quotidiennes. Je finis par me demander pourquoi je médite, car une heure plus tard j'ai tout oublié et je suis de nouveau submergé par les objets.
- Que faut-il faire quand apparaît une impulsion vers quelque chose pendant la méditation ?
- Vous avez parlé du son. Une fois que l'accent n'est plus porté sur lui, le percevons-nous encore ?
- N'est-ce pas cela le retrait des sens ?
- Est-ce que la conscience au sein de laquelle prend place la manifestation est une ?
- Ne pouvons-nous pas attribuer ces souvenirs à la personnalité ?
- Mais cela ne vous empêche de voir les vagues. Pouvons-nous les voir et savoir encore que nous sommes la mer ?
- Est-ce que dans la vie quotidienne nous n'avons pas besoin de la mémoire ?
- Entre la mémoire et la liberté, y a-t-il un état intermédiaire ?
- Y a-t-il une différence entre cette liberté et la grâce ?
- La grâce est-elle permanente ?
- Mais c'est une pure torture d'entendre cela sans le vivre !
- Quand je transforme cette expérience en concept quand je l'objective, je laisse la vérité retourner au tumulte de la vie. C'est incompréhensible pour moi que cela puisse se produire, cependant j'ai le sentiment que c'est comme ça.
- VI.
- Vous dites que nous ne devrions pas commencer par tenter de changer le monde mais notre attitude à son égard. Quand vous dites que l'existence est le film mais que nous ne sommes pas le film, entendez-vous par là que nous sommes la lumière qui éclaire le film ?
- N'est-ce pas fataliste de dire que nous ne pouvons changer le film ?
- Pour revenir à ce dont nous parlions auparavant, vous avez dit que le monde change quand la perception que j'ai de lui change. Comment est-ce possible ?
- Est-ce que l'absence de pensée que j'expérimente dans la méditation est proche de ma vraie nature ? Est-ce la tranquillité dont vous parlez ?
- Est-ce que les conflits et les guerres sont inhérents à l'être humain ?
- VII.
- Si je comprends bien, l'enseignement du guru nous oriente vers notre vraie nature et ce faisant nous rend aptes à nous remémorer ce qui a lieu en sa présence. Les mots ne sont que des tremplins, ils se résorberont pour laisser place au silence libre d'objets, à la plénitude, à notre vraie nature.
- Quelle est la juste manière d'écouter le guru quand il parle de la perspective spirituelle ?
- Quel est le principal obstacle à cet accomplissement ?
- Mais si l'ego fait éclater l'unité, d'où provient le désir de s'accomplir, de se libérer du désir ?
- Comment pouvons-nous nous défaire de l'idée de l'ego ?
- Est-ce que cette compréhension peut surgir à tout moment ?
- Pour parler d'un sujet spirituel, quelle est votre idée de Dieu ?
- Qu'est-ce qu'un concept ?
- Et qu'est-ce qu'une pensée ?
- Les pensées sont-elles toutes des objets ?
- Comment puis-je accéder à cette expérience ?
- Pouvez-vous en dire un peu plus pour que je puisse éventuellement comprendre ?
- Si je vous ai bien compris, vivre est ce qui reste quand toute pensée a disparu, quand toute sensation s'est évanouie.
- Que sont alors le monde et les objets qui nous entourent ?
- La relation entre le moi et le monde a-t-elle un sens ?
- Est-ce que Dieu est identique, pour vous, à la conscience ? Est-ce que notre être véritable est Dieu ?
- VIII.
- Est-ce que c'est comme quand on est loin de sa bien-aimée et qu'on brûle d'être avec elle, et qu'il y a un violent désir d'être seul, de marcher dans un lieu paisible et de se soustraire à la vie quotidienne ? On a le violent désir de s'immerger dans l'amour.
- Mais n'est-il pas important de comprendre les mots avec l'intellect ?
- Il me semble que pour beaucoup d'entre nous les mots ne sont pas encore clairs. Je vois des gens autour de vous, assis et souriant, visiblement sans questions. Où sont-ils ?
- Vous dites qu en formulant les questions et en écoutant les réponses nous ne devons ni analyser, ni évaluer, ni interpréter. Je sens que cela va à l'encontre de la nature de l'intellect et favorise un état d'incuriosité passive. Quelle est exactement la fonction de l'intellect dans la demande et l'écoute ?
- Peu importe la question, le maître nous ramène toujours d'une façon ou d'une autre à la non-représentation ?
- Ainsi si l'on ne comprend pas vos paroles ou si on les oublie, elles peuvent encore être bénéfiques ?
- Et si je ne comprends pas ce que vous dites ?
- Ce qui me préoccupe et que je vois comme le défaut de la cuirasse des maîtres, dans la voie spirituelle, est qu'ils sont par définition leur propre référence. Tout ce qui semble incorrect dans leur enseignement ou dans leur comportement est expliqué par le manque de clairvoyance du disciple. De cette façon de nombreux faux prophètes jouissent d'un vaste public. Comment pouvons-nous distinguer les vrais maîtres des faux ? Le doute et notre propre intuition ne sont-ils pas des outils déterminants pour discriminer ?
- Pourquoi ai-je un pressentiment de la vérité sans pouvoir le conserver constamment ?
- Mais si la totalité est complète sécurité, complète plénitude, je ne comprends pas pourquoi elle ne briserait pas immédiatement l'habitude ?
- Ainsi avant la présence de la totalité l'habitude est tapie dans la pénombre. Après, c'est encore une habitude, mais désormais vue comme telle ?
- Quand nous méditons, devons-nous chasser toutes les pensées qui viennent ? Que faire quand elles viennent ? Très souvent nous sommes piégés par elles et consentons à être emportés par elles.
- Alors, que faire ?
- Depuis des années j'ai observé que mes pensées m'entraînent. S'il y a eu un transfert d'énergie, je n'ai pas noté de différence dans la vie. Je n'arrive pas à comprendre comment le fait de prendre simplement note puisse être suffisant, à moins bien sûr que je ne prenne note de façon maladroite.
- Comment puis-je, en même temps, mener ma vie quotidienne et "être"?
- Le monde peut-il exister sans le désir?
- Mais n'est-ce pas, plus que le désir du monde, la recherche de quelque chose de plus profond, le désir d'être ?
- Est-ce que ce désir est essentiel ?
- Alors nous ne devons pas systématiquement détruire tout désir ?
- Mais très souvent nous sommes parfaitement inconscients du désir ?
- Pourquoi ce silence ne reste-t-il pas ?
- Ce que j'aimerais, c'est d'être capable d'exprimer ce que je suis.
- J'ai l'impression que je n'exprime que ce que les gens ont fait de moi.
- Depuis que j'ai vu que tout, dans ma vie, n'est qu'une compensation qui se substitue à quelque chose de plus profond, j'ai perdu de l'intérêt pour mon existence, même pour mon travail et ma famille. C'est très inconfortable de demeurer dans une situation stagnante. Je me sens comme Siddhartha, poussé à consacrer tout mon temps et toute mon énergie à découvrir la vraie nature de l'existence. Je sens que le temps est court, et pourtant, bien entendu, je ne peux pas simplement abandonner ma femme et mon travail même si dans les deux cas mes aspirations ne sont pas comprises.
- IX.
- Qu'entendez-vous par vos derniers mots "le chercheur découvre qu'il est ce qu'il cherchait" ?
- Il me semble que personne, s'il est chercheur, n'a éprouvé ce profond sentiment d'inaccomplissement ou d'abandon dont vous parlez.
- De quel passé parlez-vous quand vous dites : "ceux qui, en raison de leur passé, sentent le divin en eux" ?
- Est-ce que c'est la connaissance de notre vraie nature que nous appelons connaissance transcendante ?
- Que signifie une relation s'il n'y a pas de sujet/objet, s'il n'y a aucun rapport à établir dans une relation ?
- 10.
- Que doit-on chercher, dans une première rencontre avec un maître, qui prouve que notre approche est la bonne ?
- La vie n'est que douleur et souffrance. Le monde est dans une affliction permanente. Qu'avez-vous à répondre à cela ?
- Quel rôle joue la pensée dans la recherche de la vérité ?
- Les pensées sont toujours commanditées par l'ego à seule fin de raffermir sa propre existence, mais le concept d'ego n'est-il pas plus profondément enraciné en nous que la pensée ?
- Mais comment pouvons-nous nous affranchir de ce fantôme et de son écran ?
- Quand nous vivons dans le présent, sommes-nous toujours créateurs ?
- Je suis convaincu que les choses s'accomplissent en soi sans effort, quand on est déjà ouvert, mais est-ce qu'une concentration n'est pas nécessaire pour atteindre cette ouverture ? Quand vous dites : "il n'y a rien à faire", cela me semble conduire à un renoncement passif.
- Il me semble qu 'il y a pensée suscitée par la mémoire et pensée spontanée.
- Où se situe la mémoire ?
- Quel rôle joue la méditation pour éliminer les effets de la mémoire ?
- Quel rapport y-a-t-il entre l'état permanent et l'état de méditation ?
- Qu 'est-ce que la méditation ? Comment méditer ?
- Ces circonstances fastes impliquent-elles nécessairement la présence d'un maître ?
- Est-ce que le maître agit toujours avec intention ? Utilise-t-il toujours son pouvoir pour stimuler la liberté ?
- Si le maître ne libère pas du conflit, il amène le disciple à s'en libérer lui-même ?
- Quand vous dites qu'il n'y a rien à faire ou à apprendre, qu'il y a seulement non-action, non-savoir, ne s'agit-il pas d'un jeu sur les mots ? Il me semble que le non-savoir est une forme de savoir, une forme de savoir beaucoup plus difficile que l'acquisition d'une connaissance.
- Comment la discrimination fonctionne-t-elle ?
- Quelles habitudes renforcent l'ego ?
- XI.
- Quand nous écoutons le maître tracer la perspective spirituelle, tout semble merveilleusement clair, sans problèmes, mais ensuite, il me semble que nous quittons notre vraie centre. Pourquoi en est-il ainsi ?
- Pouvons-nous parvenir à une compréhension plus intime de la réalité, "des choses en elles-mêmes", par la parole et la pensée ?
- Comment peut se produire l'abandon des expériences, de telle sorte que nous puissions parvenir à la compréhension globale ?
- XII.
- Quelle place occupe la grâce dans la non-dualité ?
- Devant les nombreuses et différentes façons d'aborder la réalité du monde, que faut-il faire ?
- XIII.
- Comment puis-je m'affranchir des artifices de mes pensées, de leur répétition ? En d'autres termes, comment puis-je vivre créativement ?
- Voulez-vous dire qu'en vivant dans la conscience, nous tournons le dos aux conflits sociaux ?
- Vous avez dit que ceux qui tentent de changer la société ne peuvent résoudre qu'un seul conflit, tandis qu'un autre surgit. Cela semble très abstrait. Sur un plan pratique, est-ce que certains changements ne sont pas meilleurs que d'autres ? Nous ne pouvons pas nous contenter d'être assis et de dire que toutes les sociétés sont également humaines et même fonctionnelles. Il doit y avoir place pour des changements relatifs avant que nous n'accédions à l'illumination. Sinon, la recherche de soi me paraît une manière de vivre strictement égocentrique. Pouvez-vous préciser ?
- Vous avez dit qu'à partir d'une position affranchie de volonté et de choix individuels, nous sommes absolument aptes à affronter toute situation qui s'offrira. Comment est-ce possible ?
- Vous avez dit tout à l'heure que nous devrions méditer les paroles du guru et laisser leur contenu nous guider. Qu 'est-ce que cela signifie ? Est-ce que le contenu des paroles est aussi important que la présence du guru ?
- Est-ce que cette action des paroles en nous est visible ou invisible
- XIV.
- Vous avez dit toutes les perceptions sont perçues dans la conscience. Cela ne signifie-t-il pas que la conscience perçoit, fonctionne ?
- Qu'entendez-vous par "ce qui est perçu conduit tout droit à la perception" ?
- Comment s'affranchir de ce sentiment d'angoisse qui nous ronge ?
- Dans ce cas quelle sorte de vie nous faudrait-il commencer à mener pour atteindre cette société idéale ?
- Je pense comprendre ce que vous dites, mais je ne vois pas comment je puis éviter les conflits qui m'assaillent continuellement.
- Est-ce que tout conflit disparaît quand on vit sans ego ?
- Je ne parviens pas à vivre dans cet état de méditation, je suis constamment distrait par d'autres préoccupations. Comment puis-je éviter d'être détourné de l'essentiel ?
- Quand la question : "qui suis-je ?" se fait-elle sentir le plus fortement ?
- De quelle sorte de mémoire il s'agit quand on dit : rappelle-toi le visage que tu avais avant ta naissance ?
- Pouvez-vous nous parler du sommeil profond ? Comment pouvons-nous être conscient dans cet état ?
- Est-il judicieux de dormir moins ? Ce constant besoin de repos, n'est-ce pas une compensation ?
- Vous avez mentionné le rêve non-impliqué. Quelle différence faites-vous entre rêve non-impliqué et rêve tout court ?
- Je ne saisis pas ce que vous avez dit par s'éveiller à notre vraie nature. S'éveiller pour moi est juste ceci : la réapparition des objets.
- Est-ce que cette expérience non-duelle peut être perçue dans un état de veille, dans la vie quotidienne ?
- Pouvez-vous décrire la conscience ?
- Vous avez dit : "vivez comme si vous étiez conscience, comme si vous étiez dans l'illumination". N'y a-t-il pas un grand danger dans ce conseil ?
- XV.
- Comment puis-je me débarrasser des pensées perturbatrices ?
- Est-ce que le chemin ascendant (qui conduit pas à pas vers la réalisation) est en quelque sorte compatible avec l'approche dans vous parlez ?
- Comment parvenons-nous à comprendre que nous ne cherchons que le déjà-connu ?
- Mais est-ce que l'idéal au sens platonicien du terme, ou même un but collectif, ne sont pas des ouvertures sur des dimensions nouvelles ?
- Si je comprends bien, ces idéals,'si on ne les réduit ni à des illustrations ni à des notions ordinaires, commodes, de bien, de vrai et de beau, peuvent nous conduire à la liberté absolue ?
- La tradition Hindoue nous dit que toutes nos souffrances ont comme origine avidya. Qu 'est-ce qu 'avidya ?
- Pouvez-vous nous parler de la souffrance qui résulte de la dispersion ?
- Pouvez-vous parler de l'écoute et de son origine ?
- Quelle différence cela fait-il de comprendre intellectuellement ou non l'enseignement ? Je préfère me contenter de rester assis en votre présence.
- Vous dites qu'il est important d'être ouvert à la perspective. Qu'est-ce que cela signifie ?
- XVI.
- Pouvez-vous en dire davantage sur la façon de vivre le "je suis" ?
- Quels signes nous guident vers la connaissance de soi ?
- Comment pouvons-nous cesser de croire à un anéantissement total après la mort ?
- Qu 'est-ce que cette vraie nature ? Qui suis-je ?
- De quelle nature est l'erreur que j'ai commise ?
- Pourquoi aurais-je peur de la vérité ?
- A quel niveau pouvons-nous trouvez la vraie réponse ?
- Comment puis-je me tenir en retrait et m'observer, moi et les situations différentes qui apparaissent ? En d'autres termes, comment puis-je être un spectateur et ne pas me sentir impliqué ?
- Voulez-vous nous faire comprendre que c'est l'identification au corps qui nous limite aux objets, aux situations et au monde ?
- Mais l'inconfort nous ramène souvent à nos corps ?
- Comment puis-je être certain que ce n 'est pas simplement un autre état créé par mon ego ?
- XVII.
- La société où nous vivons est pleine de souffrance. Je trouve dur d'accepter cette réalité.
- Comment pouvons-nous nous accepter entièrement ?
- D'où provient cette peur qui m'envahit si souvent ?
- Vous avez dit qu'une vraie compréhension aboutit à une attitude d'acceptation totale. J'ai 35 ans et je suis en train de mourir du Sida. Comment puis-je faire face à cette réalité qui me semble inacceptable.
- Pas seulement inacceptable pour moi, mais aussi pour ma famille.
- Vous avez dit que l'acceptation entraîne la guérison, mais vous avez aussi émis des suggestions propres à améliorer la santé. Voulez-vous dire que c'est seulement lorsque nous acceptons que nous pouvons réellement savoir ce qu'il est nécessaire de faire ?
- La maladie est-elle souvent psychologique ?
- Est-ce que le corps se soigne lui-même ?
- Comment puis-je dépasser les états de dépression que j'éprouve quelquefois ?
- L'objet existe-t-il avant que nous le pensions ?
- Comment notre vraie nature s'éveille-t-elle en nous ?
- Quelle différence faites-vous entre la conscience qui n 'est pas orientée vers l'absolu et qui ne fait face qu 'aux objets et la conscience qui pointe directement vers le sujet ultime ?
- Si je vous ai bien compris, il existe une conscience des objets, ce que Atmananda Krishna Menon appelle conscience fonctionnelle, et il existe une pure conscience. Je ne comprends pas comment il peut y avoir deux types de conscience dans l'Un.
- Mais si la pure conscience est vide d'objets, n'est-ce une abstraction ?
- Il semblerait qu'on ait besoin d'un corps et d'un esprit pour la conscience fonctionnelle, qui naît et meurt, tandis que la pure conscience existe avant notre naissance et ne meurt jamais ?
- Ainsi la conscience fonctionnelle est l'instrument qui permet de connaître la pure conscience ?
- Oui, quand je vois un enfant jouer, je ne me pose jamais la question. Pourquoi analyser le jeu divin ?
- XVIII.
- De quelle façon le yoga peut nous aider ?
- Je languis après une vie libre de soubresauts, libre de cette continuelle oscillation entre plaisir et souffrance. Existe-t-il un état de plénitude permanente affranchi de toute lutte ?
- Comment puis-je me convaincre de l'inutilité de tout effort?
- Êtes-vous conscient durant l'état de sommeil profond ?
- Ainsi l'invitation qui émane du sommeil profond nous fait aspirer à une vie non-duelle dans les autres états ?
- Cet aperçu dure-t-il ?
- Mais quel est cet aperçu dont vous parlez ?
- Comment puis-je maîtriser mon imagination ? En d'autres termes comment puis-je gouverner mon esprit ?
- Comment puis-je m'engager dans une quête plus profonde de sorte que je sois convaincu que "je suis" ?
- Comment pouvons-nous détruire l'illusion qui fait que nous nous prenons pour l'ego ?
- Quand je me trouve devant vous, je suis dans un état d'étonnement. Je ne peux plus sentir ou formuler toutes les questions qui me semblaient si vitales il y a un instant.
- Je me sens cerné de médiocrité, la vie me semble très morne.
- XIX.
- Mais quand je m'éveille et que je dis :"j'ai bien dormi", n'est-ce pas le simple constat d'un sentiment de détente ?
- Si nous ne pouvons nous avancer pas à pas vers la compréhension, comment cela se produit-il ?
- Est-ce que la maturité découle de la quête ou est-ce la quête qui découle de la maturité ?
- Même si l'on s'émancipe de ses propres conditionnements sociaux - famille, éducation, etc. - n'y a-t-il pas un "conditionnement" fondamental qui appartient à la nature de l'être humain et qui relève d'une transmission biologique à travers les âges ?
- Quand nous vivons dans l'ouverture, qu'est-ce qui nous pousse à agir ? Comment une action peut-elle avoir lieu ? En d'autres termes, comment la flèche se tire-t-elle elle-même et atteint la cible sans un archer ?
- Est-ce que cela signifie qu'à moins d'avoir expérimenté notre ouverture nous ne pouvons agir correctement ?
- Qu'en est-il des codes de conduite, codes légaux, sociaux et moraux ou religieux qui nous enseignent à nous conduire et disent que nous devons apprendre comment appliquer cette conduite avec à - propos dans toutes les situations ?
- Mais notre société n'est pas prête à un comportement spontané ?
- Vous voulez dire que nous devons connaître nos béquilles ?
- Est-ce qu'un comportement codifié n'apparaît pas souvent comme aussi bon et aussi sage qu'une juste action spontanée ?
- Vous avez dit que nous devions transposer notre compréhension dans la vie quotidienne. Quelle différence y a-t-il entre cela et la pratique d'un comportement social appris ?
- J'ai besoin de plus de clarté sur cette question. Une fois qu'il y a perception de la vérité, une fois que le principe a été vu : que nous ne sommes pas ce que nous pensons et que ce que nous sommes apparaît clairement, alors certains éléments de notre vie se déplacent spontanément, s'harmonisent, s'éliminent, ce que vous appelez une réorchestration de nos énergies, est-ce bien ainsi ?
- Mais n'y a-t-il pas d'autres zones, plus denses et complexes, qui nécessitent davantage de temps pour être intégrées ? N'est-il pas nécessaire de faire un effort pour transposer la compréhension dans la vie ?
- Une clef à l'art de vivre ?
- Le Taoisme semble aller dans le sens de l'écoulement de la vie, le Yoga semble maîtriser l'écoulement de la vie. Peut-être qu'au bout du compte ils ne sont pas différents, mais aussi loin que les traditions remontent, que seraient leurs différences ? Est-ce que la voie de la maîtrise, la voie du pouvoir peut nous apporter la liberté ? Il semble que notre société actuelle est basée sur cette croyance, que le contrôle peut engendrer l'harmonie ?
- N'y a-t-il pas une différence entre l'état mystique d'unité dans lequel sujet et objet se dissolvent, et le non-état où sujet et objet se dissolvent ?
- Mais chez le mystique n 'y a-t-il pas toujours un sentiment de gratitude envers Dieu ?
- Quel est le dernier objet à disparaître ?
- Qu'entendez-vous par"état de vacuité" ?
- Vous avez dit que la rencontre réelle avait lieu après la rencontre, mais ne peut-il pas y avoir un non-état atemporel par exemple dans la rencontre de deux amants ?
- Quelle distinction faites-vous entre perception pure et perception directe ?
- Quand le disciple devient autonome, quelle est sa relation avec son guru ? Ressent-il toujours de la gratitude ? Dans quel état est le disciple quand il se sent indépendant mais sans réelle gratitude ?
- Qui est le connaisseur de ma vraie nature ?
- Fin de la lecture de :
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