Résumé

Charles de Gaulle et François Mitterrand dominent leur siècle. Admirés, adulés mais aussi moqués, attaqués, haïs même de leur vivant, ils sont devenus des personnages mythiques. Pour de Gaulle, le jugement relève de l'évidence. Il est le héros national, l'homme de l'Appel du 18 juin, le chef prodigieux qui, à lui seul, a sauvé l'honneur de la France. Pour Mitterrand, cette place éminente n'allait pas de soi. Personnage multiple dont l'intelligence semblait se perdre parfois dans des méandres insaisissables, il a longtemps nourri la suspicion avant de devenir le plus prestigieux des hommes de gauche, loin devant Blum et Jaurès. De Gaulle et Mitterrand, qui ont ressenti tous deux très jeunes l'appel du destin et ont accédé sur le tard à l'Elysée, se sont affrontés pendant plus d'un quart de siècle, de la Libération au départ du Général en 1969. Auteur du meilleur pamphlet contre la Ve République, ("Le coup d'état permanent"), François Mitterand a notamment réussi à mettre "le connétable" en ballotage aux élections présidentielles de 1965. De Gaulle affectait le plus grand mépris pour Mitterrand, mais il admettait implicitement la force de son ambition, le considérant comme son adversaire le plus redoutable, craignant même qu'il puisse un jour lui succéder. Mitterrand reconnaissait volontiers le rôle historique du Général - "Pour rivaliser avec lui il m'a manqué une guerre", disait-il - mais il l'accusait d'accaparer la France à son seul profit. Quarante-cinq ans après la mort du père de la Ve République, vingt ans après celle du président socialiste, ce livre sans précédent retrace l'histoire des relations tumultueuses entre deux hommes trop différents pour se comprendre, trop semblables pour s'entendre.