Martha Argerich raconte Olivier Bellamy
Résumé
C'est dans ce volume qu'apparait, chronologiquement, la bande dessinée antisémite infâmante à l'origine de "l'affaire Moix" qui a défrayé la chronique médiatique après la parution d'Orléans. Sur cette bande de pieds nickelés travaillés par la chose littéraire qu'ils ne travaillent pas, plane l'ombre des "Simplistes" qui étaient parvenus à produire des oeuvres belles et profondes à partir de Reims : René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte, Roger Vailland et d'autres qui ont illuminé la revue littéraire Le Grand Jeu, là où leurs pâles successeurs ne sont plus capables que d'un tout petit jeu grinçant et misérable. Reims, ou la prolongation de la haine de soi quand la haine des vôtres vous a définitivement incarcéré au "pays de l'enfance immobile"...
- Auteur :
- Bellamy, Olivier
- Éditeur :
- Paris, Buchet-Chastel, 2021
- Genre :
- Entretien
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (261 p.)
- ISBN :
- 9782283034460.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- ENTRETIENS
- Février 2004
- Quand enregistrerez-vous de nouveau un disque en solo ?
- Peut-être manquez-vous de confiance en vous ?
- Sur les photos, à quinze ou seize ans, vous aviez l’air très timide.
- Pourtant les gens sont impressionnés par vous.
- Quel regard portez-vous sur le monde musical d’aujourd’hui comparé à vos débuts ?
- Que pensez-vous du succès de Lang Lang ?
- Êtes-vous heureuse en ce moment ?
- Et sur le plan professionnel ?
- Quoi que vous décidiez, il semble que vous soyez vouée à subir.
- Y a-t-il en ce moment un compositeur qui vous procure de la joie ?
- Acte manqué ?
- Vous venez d’acheter une maison à Paris, juste à côté de celle de Nelson Freire.
- À Lugano, à Beppu, vous avez initié une manière différente de faire de la musique. De l’entendre aussi.
- Cela fait penser au festival d’Ivry Gitlis à Saint-Paul-de-Vence.
- Vous avez invité Piotr Anderszewski à venir l’année prochaine. Vous aimez ce pianiste ?
- Vous aimez Brahms ? J’ai lu une fois qu’il vous déprimait.
- Vous parlez souvent de Friedrich Gulda.
- Comment est-il devenu votre professeur ?
- Vous avez continué à le voir après Vienne ?
- Vous avez, vous aussi, un côté « enfant terrible ».
- Vous m’avez dit un jour qu’Horowitz avait été surpris d’apprendre que vous étiez une femme en entendant l’un de vos disques à la radio.
- À une époque, on vous a souvent opposée à Maurizio Pollini. Vous étiez un peu la Tebaldi et la Callas du piano. Cela vous agaçait-il ?
- Vous avez un faible pour les pianistes rigoureux ?
- Avez-vous le sentiment d’être à une époque charnière de votre vie ? Ne ressentez-vous pas le besoin de vous recentrer, de moins vous éparpiller ?
- Qu’avez-vous pensé de ce qu’a dit François-René Duchâble sur vous ?
- Avez-vous une devise ?
- Entretien de Genève (2008)
- Que pensez-vous de la carrière ?
- On a l’impression que le piano a gâché votre vie quand il y est entré.
- Le public vous aime pour votre jeu et aussi pour votre personnalité.
- Quand vous regardez en arrière, avez-vous l’impression d’avoir construit quelque chose ?
- Pourtant, le public vous voit comme quelqu’un de libre.
- Vous avez aussi une attirance pour l’ordre classique.
- Emmanuel Krivine dit de vous : « Elle ne sait rien et elle sait tout. »
- Selon Daniel Barenboïm, la musique a plus besoin de réalisation que d’interprétation. Êtes-vous d’accord avec lui ?
- Donc la personnalité passe malgré soi.
- Scaramuzza disait que vous aviez une main faite pour le piano.
- Il l’a dit à Bruno Gelber qui me l’a répété.
- Votre vision de Bach est très éloignée de celle d’un Glenn Gould.
- Vous alliez au concert ?
- Vous ne l’avez jamais joué.
- Techniquement, le quatrième concerto est difficile ?
- Quand vous aimez, vous ne touchez pas ?
- Comment travaillez-vous ?
- Vous vous chantez des passages dans la rue ?
- Quand vous jouez, vous pensez à quoi ?
- Le Concerto n° 1 de Beethoven, vous l’avez joué en concert vers…
- Et le Concerto de Schumann ?
- À chaque fois…
- Vous regardez les concerts sur Internet ?
- Votre jeu a-t-il évolué ?
- Au concert…
- Vous avez l’impression de mieux diriger votre carrière aujourd’hui ?
- On entend parfois dire que vous ne travaillez pas.
- Parmi les compositeurs, Schumann occupe une place à part dans votre cœur.
- C’est un Gémeaux comme vous.Vous partagez le même rythme. Quelles sont les œuvres que vous préférez ?
- Les Fantasiestücke…
- Pour piano.
- Que faut-il pour jouer Schumann ?
- Yves Nat dit que Beethoven est un dieu, mais que Schumann est un ami.
- Vous connaissez la phrase de Bach…
- Ivry Gitlis dit que vous êtes à la fois consciente d’être une icône et pas du tout. Peut-être vous efforcez-vous de rester normale.
- Il semble que vous soyez plus disposée, de temps en temps, à jouer solo, sans qu’il n’y ait rien de systématique.
- Ah bon ?
- Si vous deviez être programmée de nouveau en solo, vous joueriez quelles œuvres ?
- Et Albéniz ?
- Vous ne travaillez que ce que vous devez jouer en concert ?
- Et Mozart ? Il est intimidant ?
- C’est peut-être un complexe.
- Schnabel dit que Mozart est trop facile pour les enfants et trop difficile pour les adultes…
- Peut-être pourrait-on écouter de la musique. (Étude op. 10 n° 3 de Chopin par Alfred Cortot)
- Exactement. (Mazurka en mi mineur op. 41 par Vladimir Horowitz)
- Voilà. (Danseuses de Delphes de Debussy par Walter Gieseking)
- Cortot aussi avait eu des problèmes après la guerre.
- Samson François disait qu’on devrait toujours jouer du piano comme on voit un ami, mais on n’a pas tous les jours envie de voir ses amis.
- Il boude ?
- Et si le piano est trop facile…
- Vous êtes très drôle sur scène. On a l’impression que vous êtes très à l’aise. Ou peut-être que vous essayez de le paraître.
- Le récital a été inventé par Franz Liszt, mais ça ne convient pas à tout le monde.
- Du temps d’Horowitz les programmes étaient plus diversifiés, il me semble.
- Et Cziffra ?
- Comment était-il ?
- Quelqu’un a dit de Maria Callas qu’elle n’avait jamais peur de rater et que c’est la clé de son génie scénique.
- Entendre jouer un pianiste, c’est le connaître plus intimement qu’en discutant avec lui ?
- Un journaliste a dit un jour que votre jeu était à la fois mystique et érotique.
- Je n’oserais pas vous demander si vous vous sentez érotique, mais vous sentez-vous mystique ? La spiritualité vous intéresse ?
- Vous connaissez la phrase : « Dieu est ce qui importe le plus, même s’Il n’existe pas » ?
- Et un artiste ? Il a aussi besoin du diable ?
- On dit d’un virtuose…
- Vous allez bien ensemble. Vous partagez un érotisme distancié.
- Vous êtes plus Ravel que Debussy ?
- Et entre Prokofiev et Chostakovitch ?
- Chostakovitch et Mahler ont plus de poids, de pathos, de références, tandis que Prokofiev et Mozart pensent directement musique. Non ?
- Quelles sont les raisons qui vous font dire : cette œuvre est pour moi ou elle n’est pas pour moi ?
- Peut-être qu’il y a parfois un petit détail qui vous empêche d’aller vers une œuvre ?
- Pourtant, vous avez remporté le concours Chopin. Vous avez une responsabilité…
- Rachmaninov n’appartient pas à votre premier cercle d’intimes.
- J’ai vu une photo de Liszt sur votre piano… Qu’est-ce qui vous rattache à lui ?
- Il lui restait à expérimenter la laideur.
- « L’avantage de la laideur, c’est qu’elle dure », disait Gainsbourg.
- Vous êtes consciente de votre beauté ?
- Nelson Freire, la première fois qu’il vous a vue…
- Vous aviez la réputation d’être une vamp, une mangeuse d’hommes…
- Vous n’étiez pas la petite fille sage au piano. Vous cassiez les codes.
- Votre ami Alexis Golovine prétend que vous n’avez plus grandi après quinze ans.
- Bruno Seidlhofer disait qu’il avait connu trois phénomènes dans sa vie : Gulda pour la tête, Freire pour le cœur et vous pour les mains.
- Vous vivez entre Bruxelles et Genève. Que représentent la France et la langue française pour vous ?
- Pourquoi ?
- D’où vient votre conscience sociale ?
- À votre Festival de Lugano, les artistes touchent tous le même cachet. Pourquoi ?
- Certains chefs d’orchestre sont bien payés parce qu’ils obtiennent un bon résultat en un minimum de temps, donc en économisant l’argent de la collectivité.
- Il aurait fallu faire une annonce comme Bernstein avec Gould, dans le premier concerto de Brahms.
- C’était la lutte du rythme contre l’harmonie, ce concerto de Schumann ?
- Il est instable.
- On dit souvent que vous dominez les chefs.
- Vous n’avez pas travaillé avec Karajan, Giulini, Bernstein…
- Vous n’êtes pas attirée par la pédagogie ?
- Liszt donnait des master-class à Weimar.
- Vous n’êtes peut-être pas assez autoritaire.
- Qu’est-ce qu’un artiste pour vous ?
- Qui pourrait incarner cette idée ? Bernstein ?
- Et Furtwängler ?
- Et s’il vous demandait de jouer avec son orchestre en Palestine ?
- Comment peut-on finir ?
- Entretien de Bruxelles (2011)
- Qu’avez-vous pensé du livre que j’ai écrit sur vous ?
- Vous sentez-vous encore une enfant ?
- Et les sortilèges ? Votre rapport au piano relève-t-il de la magie ?
- Pascal dit que le malheur de l’homme vient de ce qu’il ne puisse pas rester en repos dans une chambre…
- Il y a tellement d’œuvres qu’on aimerait vous entendre jouer !
- Stephen Kovacevich prétend que le Concerto pour la main gauche de Ravel a été écrit pour vous et que, s’il était Dieu, il vous obligerait à le jouer.
- Peut-on parler de votre mémoire quasi surhumaine ?
- Vous n’avez jamais eu de trou de mémoire sur scène ?
- Chopin pensait le contraire. Il n’aimait pas qu’un élève joue par cœur…
- Aimez-vous jouer sur scène ou êtes-vous nerveuse comme l’était Chopin ?
- Avez-vous l’impression de manquer de temps ?
- Vous ne vous sentez plus immortelle depuis votre cancer ?
- Votre mère était un personnage tout à fait extraordinaire !
- Le piano, c’est grâce à elle ?
- Vous lui dites merci ?
- Elle disait qu’il y avait trop de parasites autour de vous…
- Et votre père ?
- Vous étiez un enfant roi ?
- Donc, tout en demeurant une enfant, vous avez eu très tôt une conscience d’adulte.
- Et avec vos filles, plus tard ?
- Pourquoi avez-vous cessé de donner des concerts à dix-neuf ans ?
- Pourquoi si peu ?
- Avez-vous l’impression d’être vraiment vous-même au piano ?
- Sur scène, avez-vous l’impression que quelque chose se passe malgré vous ou en dehors de vous ?
- Votre technique est très naturelle ?
- Et vous entendez cela chez les autres pianistes ?
- Il y a donc bien deux sortes de pianistes : ceux qui ont un contact naturel avec l’instrument et les autres ?
- Êtes-vous à la recherche de vos jumeaux ? De ceux qui ont ce dont vous parlez.
- La pianiste Youra Guller dansait aussi le flamenco…
- Et Nikita Magaloff. C’était un prince russe ?
- Vous êtes fascinée par le violon et les violonistes…
- Vous vous intéressez moins aux jeunes musiciens en ce moment.
- Entretien de Paris (2019)
- Vous avez récemment interprété le Concerto n° 1 de Tchaïkovski…
- Vous aimez les concerts qui sortent des sentiers battus.
- Quand même, ces octaves ! À soixante-dix-huit ans !
- Vous jouez encore mieux qu’avant. Vous cherchez toujours à vous perfectionner ?
- Les couleurs et les voix intérieures sont plus subtiles…
- Votre jeu m’apparaît plus naturel. Avant c’était plus flamboyant, plus « Argerich », maintenant c’est l’œuvre…
- C’est une tentation qui guette l’artiste, quand il a du succès, de se trouver « génial » ?
- Est-ce conscient ou inconscient ?
- Peut-être qu’Horowitz était comme un compositeur et Michelangeli une sorte de prêtre oriental…
- Que pensez-vous des violentes polémiques autour de Khatia Buniatishvili, de ses tenues, de son glamour ?
- Maria João Pires dit qu’il faut séparer la musique de l’entertainment…
- Vous n’êtes pas pour la séparation des genres ?
- Donc il ne faut pas être trop…
- Vous avez joué avec Maria João Pires…
- Qui dirige quand vous jouez toutes les deux ?
- Vous aimez être le chef ?
- Vous préférez suivre ?
- Êtes-vous féministe ?
- Lors de la victoire de la Russe Avdeïeva au concours Chopin, vous vous étiez réjouie que la lauréate soit une femme. Pensez-vous que les femmes doivent être défendues par principe ?
- Vous avez toujours aimé les concours ?
- Vous sentez-vous comme les autres ou différente ?
- Vous bottez en touche…
- Voilà pourquoi vous ne finissez pas toujours vos phrases. Pour rester vraie !
- J’ai l’impression que vous faites tout pour paraître normale…
- Est-ce dur d’être Martha Argerich ?
- Pourquoi êtes-vous parfois de mauvaise humeur, alors ?
- Non, pas aujourd’hui.
- Êtes-vous impressionnante ?
- Quand un inconnu vous regarde, vous vous dites : « il s’intéresse à moi » ou « c’est un mélomane qui m’a reconnue » ?
- Êtes-vous heureuse ?
- Quand vous êtes heureuse, il y a une raison ?
- Vous sentez-vous éternelle ?
- Croyez-vous qu’il y ait une vie après la mort ?
- Ces pensées vous aident-elles pour la musique ?
- La mort, vous étiez très petite lorsque vous vous êtes sentie… concernée par elle.
- Vous avez toujours eu une conscience sociale ?
- Vous n’en êtes pas sûre ?
- Vous n’êtes pas une militante très active…
- Que pensez-vous du mouvement Me Too ? Est-ce bien que la parole se libère ou y a-t-il des injustices ?
- Stephen Kovacevich dit que vous feriez un excellent ministre de la Justice.
- Vous êtes davantage faite pour chercher à savoir que pour agir ?
- L’auto-victimisation semble devenu un sport national.
- Il y aura toujours des moutons d’un côté et des gens en révolte ou en réaction, de l’autre, non ?
- Vous souffrez de la monomanie pianistique ?
- Vous dites cela avec une coquetterie…
- C’est vrai qu’on refait les mêmes erreurs. Vous, depuis que je vous connais, ce sont les mêmes choses…
- Comment travaillez-vous ?
- Vous êtes disciplinée ?
- Et dans le cas d’une œuvre nouvelle ?
- Ça aide d’écouter ?
- Il y a le risque d’imiter…
- Enfin, vous êtes assez musicienne pour lire une partition sans avoir besoin d’écouter un disque…
- Le disque n’a-t-il pas pris une place trop importante dans la vie des musiciens ?
- Qu’est-ce qui est le plus important ? La sensibilité, le talent, l’intelligence ?
- Vous, vous avez un trac dantesque avant. Pendant ça va.
- C’est quoi le trac ? La peur du regard de l’autre ?
- On voudrait être fier de soi ?
- Peur de ne pas être à la hauteur de ses dons, des espérances portées en vous ?
- Vous vous sentez coupable de vos dons ?
- Quelqu’un a dit : « Le talent fait ce qu’il veut, le génie fait ce qu’il peut. »
- Exactement ! Si vous ne deviez choisir qu’un seul compositeur ?
- Pourquoi n’avez-vous joué que le jeune Beethoven ?
- Vous avez un peu travaillé toutes ses sonates ?
- C’est fou que vous n’ayez pas eu cette curiosité.
- Vous êtes pour le collectif.
- La solitude vous pèse ?
- Que pensez-vous des pianos dans les gares ou les aéroports ?
- Ça vous est déjà arrivé de jouer dessus ?
- Fabrice Luchini dit que la musique ne supporte pas l’amateurisme. Avec lui, c’est Glenn Gould ou rien.
- Quel serait le pire malheur pour vous ?
- La vôtre ?
- Et la musique ?
- Février 2004
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Par Ivry Gitlis
- Voilà Martha !
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