Coup de cœur

Nous sommes à Piombino, petite ville de Toscane au bord de la méditerranée d’où l’on aperçoit l’île d’Elbe, paradis réservé aux touristes. Dans la cité on vit au rythme des coulées de métal en fusion provenant des hauts fourneaux de l’aciérie. Depuis les barres d’immeubles on a une vue imprenable sur la côte polluée par la rouille et les ordures. De son balcon Enrico espionne sa fille Francesca qui passe l’après-midi sur la plage avec son amie Anna. La romancière brosse le quotidien de ce quartier, les familles vivant dans la précarité, les pères absents, les mères coincées à la maison, la violence, les trafics, les petites combines, le chômage et la drogue. Les deux ado ont pour elles leur vitalité, la beauté et l’insolence de la jeunesse. Francesca se voit déjà en miss Italia, et Anna rêve de devenir une femme célèbre. Mais leur amitié résistera-t-elle au temps qui passe ? Les personnages sont touchants. Si les adultes usés prématurément par le travail n’ont plus guère d’illusions, la jeunesse quant à elle veut encore croire à des jours meilleurs. L’écriture est réaliste. On ressent pleinement le malaise ambiant et l’atmosphère pesante, au propre comme au figuré. C’est l’été, on transpire, les corps changent, ils se dénudent, ils s’exhibent, provoquant ainsi bien des troubles et des désirs inavouables. Je vous recommande vivement la lecture de ce roman, chronique sociale sombre et désenchantée d’une partie de l’Italie des années 2000 bien éloignée des paillettes berlusconiennes. (A.P.)