Dominer : Enquête sur la souveraineté de l'Etat en Occident Pierre Dardot, Christian Laval

Résumé

Il est courant de déplorer le déclin de la souveraineté de l'Etat-nation, qui semble devoir être aujourd'hui supplantée par la puissance du capital mondial. Restaurer la verticalité de l'Etat et son autorité serait ainsi la seule voie pour contester le globalisme néolibéral. C'est contre cette illusion, encore trop répandue à gauche, que Pierre Dardot et Christian Laval ont entamé ce long parcours dans l'histoire complexe et singulière de l'Etat occidental moderne, depuis sa naissance à partir du modèle de l'Eglise médiévale jusqu'à son rôle actuel d'Etat-stratège dans la concurrence mondiale. Comprendre les aléas et les détours de cette construction, c'est mettre à nu les ressorts d'une domination sur la société et sur chacun de ses membres qui est fondamentalement de l'ordre de la croyance : les "mystères de l'Etat", le culte de sa continuité qui oblige ses représentants par-delà leur succession, la sacralité dont ces derniers aiment à s'entourer dans l'exercice de leurs fonctions, autant d'éléments qui ont pu changer de forme, mais qui demeurent au principe de sa puissance. En retraçant cette généalogie, il s'agit pour les auteurs de montrer que l'on ne peut répondre aux défis de la mondialisation capitaliste et du changement climatique sans remettre en cause cet héritage. Car l'invocation de la souveraineté "nationale" est devenue l'alibi de l'inaction climatique et de la perpétration des écocides. Pour affronter ces enjeux globaux, il est indispensable de s'attaquer à un tel régime d'irresponsabilité politique qui dispense les gouvernants de rendre des comptes aux citoyens. C'est dire qu'il faut ouvrir la voie à un au-delà de la souveraineté étatique.

Auteur :
Dardot, Pierre
Auteur :
Laval, Christian
Éditeur :
Paris, La Découverte,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (730 p.)
ISBN :
9782348042140.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction. Au-delà de la souveraineté de l’État
    • Les défis du monde et le verrou de la souveraineté de l’État
    • Une « Europe souveraine » comme alternative ?
    • Le grand piège de l’opposition État/capital
    • L’impasse du souverainisme
    • La souveraineté comme domination de l’État
    • L’inséparabilité des deux faces de la souveraineté
    • Déclin ou mutation de la souveraineté étatique ?
    • Une généalogie de la souveraineté de l’État
    • Notes
  • Chapitre 1. De l’État et de l’État moderne en particulier
    • Deux illusions sur l’État
    • Les organisations politiques non étatiques du néolithique
    • L’« agrogéographie » de l’État archaïque en Mésopotamie
    • Des degrés d’État ?
    • Souveraineté de l’État et impersonnalité de l’État
    • Le legs de l’Empire romain : imperium, dominium, fiscus
    • La monarchie féodale
    • L’émergence de l’État moderne : « rationalité » et « légitimité »
    • Du Dieu souverain à l’État souverain : un processus de « sécularisation » ?
    • Notes
  • Chapitre 2. L’Église, modèle juridico-politique de la souveraineté de l’État
    • La révolution papale (1075-1170), une « révolution totale »
    • Le Dictatus de 1075 et l’affirmation de la souveraineté du pape
    • Le rôle du droit canon dans la construction de l’Église-État
    • La Sicile de Roger II et de Frédéric II
    • L’Angleterre d’Henri II
    • La France de Philippe Auguste
    • L’Empire germanique et le droit des principautés
    • Un modèle, des voies différentes
    • Notes
  • Chapitre 3. Une introuvable souveraineté chez les Anciens
    • L’écran du « polybisme »
    • La question de la « souveraineté » dans la cité grecque
    • La « souveraineté de la masse », une solution à la difficulté ?
    • « Souveraineté » ou « suprématie » ?
    • Autogouvernement collectif des citoyens et non-souveraineté
    • L’idéalisation de Rome au nom de la souveraineté du peuple
    • L’idéologie de la « constitution mixte » ou le refoulement du conflit
    • Le peuple des assemblées
    • Le pouvoir des magistrats et l’imperium consulaire
    • Le Sénat
    • Prééminence de l’aristocratie consulaire et fonction politique de la puissance paternelle
    • La « souveraineté » comme enjeu d’une guerre politique
    • Majestas et imperium : deux attributs du « peuple » ?
    • La loi : « ordre du peuple » ou « ordre au peuple » ?
    • Notes
  • Chapitre 4. Le « tournant de 1300 » : vers la souveraineté absolue
    • La redécouverte des Politiques d’Aristote et son contexte
    • La traduction de Guillaume de Moerbeke
    • Le commentaire de Thomas d’Aquin et la question de l’alternance des charges
    • La cité « prince d’elle-même »
    • Souveraineté du peuple ou souveraineté du Bien commun ?
    • Le contrôle des pauvres dans les cités : un mode de gouvernementalité
    • République séculière ou souveraineté absolue ?
    • De l’Église-État à l’« État-Église »
    • Souveraineté judiciaire et économique
    • Le tournant vers la souveraineté absolue
    • Notes
  • Chapitre 5. Le « pontificalisme royal » : ses justifications et ses limites
    • Le pouvoir de juridiction fait le pape
    • La sacralisation du roi
    • Le roi, la Couronne et le fisc
    • Juristes contre théologiens : la fiction de l’État souverain
    • « Le roi est empereur en son royaume »
    • La « souveraineté du Roy » et la monarchie administrative
    • La cristallisation conceptuelle de la souveraineté chez Bodin
    • État souverain et dynamique sociale
    • Le contexte français de la théorie de Bodin
    • L’étatisme triomphant et ses contradictions
    • Le fondement religieux de la souveraineté du roi
    • Notes
  • Chapitre 6. Raison d’État, souveraineté et gouvernementalité
    • Qu’est-ce que la raison d’État moderne ?
    • L’âge de l’intérêt
    • Différences entre la ratio status du Moyen Âge et la raison d’État moderne
    • Le déploiement pratique de la logique de la souveraineté
    • La dimension stratégique de la souveraineté de l’État
    • La « balance des forces » du monde westphalien
    • La puissance et les intérêts
    • La police comme exercice de la souveraineté
    • La nouvelle gouvernementalité par le marché
    • Une gouvernementalité économique émancipée de la souveraineté ?
    • Physiocratie et nouvelle souveraineté théocratique
    • Le despotisme physiocratique
    • Les nouvelles fonctions de la souveraineté
    • Notes
  • Chapitre 7. Le droit naturel et la question de la souveraineté
    • Droit naturel, souveraineté du peuple et droit de résistance
    • La doctrine du droit naturel d’avant l’« École » moderne du droit naturel
    • Le droit naturel et le statut juridique de la mer
    • L’état de guerre et la question du sujet de la souveraineté
    • L’état de pure nature et le droit illimité de chacun
    • Un contrat entre les individus au bénéfice du souverain
    • La multitude devient une seule personne par la représentation
    • Suprématie et souveraineté
    • Plusieurs pouvoirs suprêmes ?
    • Le peuple, un « juge » sans existence légale
    • Le peuple est le seul souverain
    • Souverain et gouvernement : la question de la représentation
    • Notes
  • Chapitre 8. Expériences révolutionnaires de la souveraineté
    • Une longue gestation symbolique et politique
    • Une nouvelle dualité des corps
    • La question de la souveraineté du roi
    • Le moment Sieyès
    • La théorie de la représentation nationale
    • L’ordre naturel et la fiction de la représentation nationale
    • Souveraineté, régénération et surveillance
    • Souveraineté nationale et souveraineté populaire
    • Les institutions populaires de la souveraineté
    • Questions autour du souverainisme sans-culotte
    • Défenses de la représentation nationale
    • Dictature jacobine et souveraineté populaire
    • Le mouvement populaire et l’étatisation jacobine
    • La réaction thermidorienne et le retour idéologique de Sieyès
    • Le paradoxe de la modernité ou l’affirmation de la souveraineté de l’État
    • Notes
  • Chapitre 9. Les premiers socialismes et la critique de la souveraineté de l’État
    • Saint-Simon et la critique de la Révolution française
    • Un nouveau fondement de la politique
    • Une remise en cause de la souveraineté étatique ?
    • Commander ou administrer
    • Les capacités contre la domination
    • Une souveraineté dérivée de la nature des choses
    • L’administration ou l’association ?
    • L’unité religieuse de l’humanité
    • Du saint-simonisme au socialisme associationniste
    • Fourier et Considerant : l’école sociétaire et la politique
    • Proudhon : l’anarchisme contre l’usurpation politique
    • La souveraineté sociale par le droit
    • La solution fédérative
    • Les socialistes d’État et la question de la souveraineté
    • Notes
  • Chapitre 10. Souveraineté de l’État ou souveraineté du peuple ?
    • De l’État-organisme à la « vraie démocratie »
    • L’organisme de l’État et la « constitution politique »
    • La souveraineté de l’État comme « souveraineté inhérente au monarque »
    • « Souveraineté du monarque ou du peuple » ?
    • Le pouvoir législatif et la constitution
    • Souveraineté du peuple et représentation politique
    • Centralisation du pouvoir d’État ou gouvernement de la Commune ?
    • L’autogouvernement communal et la critique de Bakounine
    • Notes
  • Chapitre 11. Les nouveaux mystères de l’État
    • La nation comme fondement de l’État
    • Nation démocratique et nationalisme d’État
    • Le socialisme comme extension de la souveraineté de l’État
    • L’« État national-social » a-t-il cessé d’être un « État souverain » ?
    • L’État éducateur et la « souveraineté de la raison »
    • Critique de la métaphysique souverainiste
    • L’État de services publics contre l’État souverain
    • Le débat constitutionnel weimarien et la question de la souveraineté
    • Schmitt, l’État fort et le « coup de Prusse »
    • Décisionnisme autoritaire, nazisme et formation du néolibéralisme
    • Le défi posé par l’État-nation
    • Le danger permanent du « nationalisme économique »
    • Neutraliser l’État-nation
    • Une constitutionnalisation économique du monde
    • La lente construction de l’ordre néolibéral global
    • La fin de la souveraineté de l’État ?
    • L’État n’est pas mort
    • Le capital global comme raison d’État
    • La recomposition néolibérale de l’État souverain
    • La nouvelle police du capital global
    • Notes
  • Conclusion. Souveraineté étatique ou responsabilité politique
    • Un retour de l’État et de la verticalité ?
    • La stratégie populiste et la « démocratie plébiscitaire des chefs »
    • Représentation politique et responsabilité des représentants
    • Notes
  • Annexe. Foucault et l’historicité problématique de la souveraineté
    • La souveraineté comme « piège »
    • La fonction de souveraineté et la société féodale
    • Quelle historicité pour la souveraineté ?
    • Les métamorphoses historiques de la souveraineté de l’État
    • L’efficace de la fiction et la limite du nominalisme
    • Notes

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