Coup de cœur

Alors que, pour clôturer le dernier cours de sa carrière, Matilde demande à ses élèves de réfléchir à la citation d’Arthur Rimbaud « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans / Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade », un élève lui demande si elle se souvient de ses dix-sept ans. Cette question a priori banale et légère la replonge quarante-trois ans plus tôt. A dix-sept ans, Matilde a mis au monde une petite fille, qu’elle a confiée à l’adoption après avoir accouché sous X, à la demande de ses parents, qui redoutaient le qu’en-dira-t-on à une époque où celles qu’on appelait les « filles-mères » étaient stigmatisées. Puis la vie a suivi son cours : elle est devenue enseignante, s’est mariée, a eu deux garçons. Mais elle a toujours gardé au fond d’elle-même ce terrible secret et n’a jamais cessé de penser à sa fille, lui écrivant des lettres qu’elle n’a jamais pu lui envoyer, faute de pouvoir la contacter. De son côté, Anne, quarante-trois ans, est une femme qui s’épanouit dans son travail, mariée, mère d’une adolescente de dix-sept ans, Léa. La mort de sa mère adoptive ravive une douleur ancienne qui ne l’a jamais quittée : née sous X, elle ignore qui sont ses vrais parents et n’a jamais pu retrouver sa mère biologique. Tour à tour, Matilde, Anne et Léa se livrent, confiant leurs craintes, leurs doutes et leurs espoirs. Claire Mazard aborde avec « L’absente » des sujets graves et délicats : l’accouchement sous X, l’adoption, la quête des origines, le poids des secrets et des non-dits.