Prendre : Naissance d'une pratique sociale élémentaire Wilfried Lignier

Résumé
Prêter attention à un objet, le convoiter, le demander, s'en saisir, le délaisser, le transmettre - tout cela renvoie pour chacun d'entre nous à des actes quotidiens, banals, " naturels ". Pourtant, ces actes ne vont pas de soi pour les très jeunes enfants. Il leur faut au contraire apprendre à prendre - et aussi à donner. Car si ce geste tourne plus souvent chez eux que dans le monde adulte au conflit, c'est précisément qu'il implique la difficile maîtrise de règles implicites et d'attentes non formulées. A partir d'une enquête ethnographique menée dans une crèche auprès d'une trentaine d'enfants de deux à trois ans, ce livre surprenant et vivant met au jour les déterminants sociaux de l'appropriation des choses au premier âge. Pourquoi un enfant préfère-t-il, très tôt, tels objets à tels autres ? Comment en vient-il à les réclamer dans les formes ou, au contraire, à s'en emparer par la force ? Et pourquoi tout cela importe-t-il, au moment précis où la vie sociale émerge ? Répondre à ces questions, c'est penser l'inégale disponibilité des choses aux mains des enfants et la genèse de leurs différences sociales, mais aussi la hiérarchie précoce des légitimités – celle qui impose, d'emblée, des objets préférentiels, des gestes souhaitables et des prises de parole plus judicieuses que les autres. C'est aussi s'intéresser, à partir de l'observation minutieuse des premiers instants de l'existence sociale, aux fondements du rapport personnel à la possession et à la propriété.
- Auteur :
- Lignier, Wilfried
- Éditeur :
- Paris, Le Seuil, 2019
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (323 p.)
- ISBN :
- 9782021401349.
- Domaine public :
- Non
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- Notes
- 1. De l’expérimentalisme à l’ethnographie
- Même la préhension n’est pas un pur geste
- Comment l’objet perçu informe la main
- Différenciation des enfants, variation de leurs gestes ?
- Mieux contextualiser la prise : interaction, langage, historicité
- Les conditions institutionnelles de l’appropriation des choses
- Possession, appropriation, propriété ?
- Une perspective à renverser
- Sortir du laboratoire pour observer les prises enfantines ordinaires
- Une ethnographie intensive de l’enfance
- Localiser l’ordinaire enfantin saisi sur le terrain
- Notes
- Même la préhension n’est pas un pur geste
- 2. En crèche : dans le domaine du prenable
- La disponibilité des choses
- Les objets et les espaces de la crèche
- Sous le regard des professionnelles de la pacification
- Le cadrage institutionnel des prises
- Les dispositions des preneurs
- Ce qui est pris n’est plus à prendre ?
- Les forces enfantines en présence
- Notes
- La disponibilité des choses
- 3. Ce que les jeunes enfants préfèrent prendre
- Les préférences pour les choses comme dispositions précoces
- Comment en vient-on à préférer certaines choses ?
- De la sexuation des prises dès le plus jeune âge
- Origines sociales et préférences enfantines
- La formation des préférences enfantines dans l’interaction
- Les adultes présents ont le pouvoir d’imposer leurs préférences
- Préférer ce que prennent les autres enfants
- Prendre d’abord, préférer ensuite
- L’art et la manière de montrer ce qu’on a pris
- De l’ennoblissement des choses banales
- Notes
- Les préférences pour les choses comme dispositions précoces
- 4. Comment prendre par soi-même quand on est tout petit ?
- Prendre sans efforts ce que donnent les adultes ?
- Ces choses que les enfants obtiennent facilement
- Prendre moins, prendre plus que prévu
- Prendre aux autres enfants : l’usage de la force physique et ses limites
- La gradation de la force physique
- Comment prendre sans entrer dans une confrontation défavorable ?
- Une force affaiblie dans le contexte de la crèche
- Prendre aux autres enfants : l’exercice émergent de la violence symbolique
- En appeler à l’autorité des adultes
- Exercer la violence symbolique par soi-même : des recyclages intéressés
- Notes
- Prendre sans efforts ce que donnent les adultes ?
- 5. L’appropriation des autres, premiers essais
- De la limitation des alliances au sein d’une crèche
- Les préférences pour les professionnelles sont difficiles à satisfaire
- Des alliances entre enfants rares, volatiles et sélectives
- L’appropriation des autres comme pratique
- S’approprier les autres, pour quoi faire ?
- Rapprochements physiques, proximités sociales, et plus si affinités
- On ne se lie pas aux autres en les frappant
- S’allier mieux en le disant
- Prendre les autres en donnant des choses prises
- Comment le transfert d’objets devient un enjeu d’alliance
- Une différenciation sociale du don ?
- Notes
- Notes
- De la limitation des alliances au sein d’une crèche
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