L'âge du productivisme : Hégémonie prométhéenne, brèches et alternatives écologiques Serge Audier
Résumé
Depuis la fin du XXe siècle, des signaux d'alarme écologiques ne cessent de retentir : réchauffement climatique toujours plus incontrôlable, destruction exponentielle et dramatique de la biodiversité, déforestations accélérées, pollutions diverses, "plastification" des mers, etc. Pourtant, les défenseurs de la cause écologique peinent à véritablement convaincre l'ensemble de la société ainsi que les décideurs économiques et politiques de la nécessité d'un changement urgent de modèle. Pourquoi les forces politiques, de droite mais aussi de gauche, n'ont-elles pas su ou voulu prendre en charge le défi écologique ? C'est à cette question que s'intéresse ce livre de Serge Audier, qui offre une ample fresque inédite sur les racines philosophiques, idéologiques et politiques de la crise actuelle. Au croisement de l'histoire et de la philosophie, cette généalogie intellectuelle examine les logiques doctrinales et politiques qui, depuis près de deux siècles, ont présidé aux prises de position et aux programmes en matière environnementale, à leurs réussites comme à leurs nombreux échecs. L'auteur montre notamment pourquoi, dans de nombreuses régions du monde, la logique socio-économique, politique et culturelle dominante est allée dans le sens d'un modèle productiviste qui a provoqué une destruction accélérée et sans précédent du milieu naturel. Parallèlement, il soulève la question des "possibles" non aboutis ou non réalisés, et invite à (re)découvrir des voies alternatives — entre anarchisme et socialisme — qui ont cherché à articuler critique sociale et critique écologique du capitalisme, dans l'horizon d'une "cité écologique" à venir.
- Auteur :
- Audier, Serge
- Éditeur :
- Paris, La Découverte, 2019
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (967 p.)
- ISBN :
- 9782707198921.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Remerciements
- Introduction
Anatomie de l’échec écologique- Le péril écologique : un déni qui vient de loin
- Pourquoi ont-ils oublié Schrader ?
- Les amis et les ennemis de la « société écologique »
- La réaction « néolibérale », entre déni et adaptation
- L’écran national-socialiste, ou la nazification récurrente
de l’écologie politique - La critique socialiste oubliée de l’industrialisme capitaliste
- Tensions et contradictions au sein du camp progressiste
- Le capitalisme nécessaire ?
Le culte des forces productives à gauche - L’avènement du concept de « productivisme »
dans le patronat social - De l’effort productif occidental à l’avant-garde russe
- La montée d’une critique du « productivisme »
dans les années 1930-1940 - L’irruption d’une critique écologique du « productivisme »
- Les tensions internes de la « modernité »
- Les vertus heuristiques et politiques
de l’histoire intellectuelle
- 1 Hégémonie industrialiste
et utopisme technologique- Les racines « ingéniériques » et libérales
du socialisme productiviste :
de l’École polytechnique à Saint-Simon - L’exploitation du globe comme impératif
du présocialisme saint-simonien - Le communisme technophile et démocratique de Cabet
- L’utopisme technologique américain,
entre ingénierie et socialisme - Le républicanisme néo-saint-simonien
et la conquête scientifique de la Terre - L’idéologie du progrès scientifique en France
sous la IIIe République - Le progressisme technologique de Jules Verne
et sa matrice saint-simonienne - Les inquiétudes prémonitoires du « second » Jules Verne
- Les racines « ingéniériques » et libérales
- 2 Les destinées du marxisme,
entre éco-socialisme et productivisme- Marx, Engels et le débat environnemental au XIXe siècle
- Marx et Engels étaient-ils des éco-communistes ?
- … ou bien : Marx et Engels pères du socialisme
productiviste anti-écologique ? - L’enterrement marxiste du socialisme « utopique »
et sa portée historique - Marx relu par Liebknecht : l’avènement
du credo technologique social-démocrate - Les noces paradoxales de la social-démocratie
et du capitalisme productiviste - Le socialisme de Guesde, héritier de la « féerie »
du machinisme capitaliste - Le socialisme jaurésien et son hymne
à la productivité bourgeoise - Georges Sorel et la « civilisation des producteurs »
du syndicalisme révolutionnaire - L’échec des populistes russes et les destinées
du socialisme productiviste
- 3 Brèches écologiques à gauche,
entre progressisme américain et Révolution russe- Les promesses brisées du Congrès international
de Berne pour la protection de la nature (1913) - La subversion libertaire et naturaliste de Monte Verità
- Face à la guerre de 1914-1918 : du pacifisme
de Monte Verità à la révolte Dada - La « fabrique de la guerre » et ses implications productivistes
- Le compromis (provisoire) entre l’environnementalisme russe
et le régime bolchevique - Un moment écologique du communisme russe ?
- Le culte communiste de la technologie
à l’âge du taylorisme et du fordisme - Aux sources de la politique environnementale du New Deal
- Un « New Deal vert » avant la lettre ?
- Vers une nouvelle planification régionale et urbaine « verte »
- La fascination productiviste : Marx, Lénine, Ford
et Staline selon Diego Rivera
- Les promesses brisées du Congrès international
- 4 La brèche intellectuelle des années 1930 :
l’écologie entre conservatisme et progressisme- La montée d’un fragile et ambivalent mouvement environnementaliste
- Les ambiguïtés de la « révolution conservatrice » allemande
sur l’âge technologique - Antimodernisme et sensibilité écologique
dans la « révolution conservatrice » - Un souci pré-écologique diffus dans l’Europe des années 1930
- Entre libéralisme et conservatisme anti-industriel :
le couple Ferrero - La fuite en avant antinaturaliste du capitalisme américain
selon Leo Ferrero - Les ambiguïtés politiques d’un discours antiproductiviste :
L’Ordre nouveau - Les critiques décolonisatrices : de Jacques Viot
à Claude Lévi-Strauss - Entre révolution et « néo-romantisme » : le jeune Lévi-Strauss
- Antifascisme et dénonciation du productivisme :
l’hérésie libertaire - La persistante fascination du productivisme à gauche
- 5 Du libéralisme au(x) néo-libéralisme(s)
des années 1930 : entre anti-écologisme
et clivages internes- La première réaction anti-écologiste « libérale »
- Léon Walras, Vilfredo Pareto et l’enterrement prématuré
d’une « économie écologique » - Un néo-libéralisme écologique ? Wilhelm Röpke,
entre romantisme et conservatisme - Le colloque Walter Lippmann et ses clivages internes
- Ludwig von Mises : la charge pionnière de l’école autrichienne contre la sensibilité écologique
- Friedrich von Hayek : de la critique du « scientisme »
au rejet de l’écologie - La contre-offensive manquée du socialisme démocratique :
Otto Neurath et Karl Polanyi
- 6 Entre hégémonie productiviste
et renaissance de la critique :
le consensus d’après-guerre et sa fracturation- La consécration occidentale d’une politique de « croissance »
- Le nouveau défi productiviste et consumériste
de l’URSS post-stalinienne - Le volontarisme chinois, ses tragédies humaines
et ses désastres environnementaux - Des résistances minoritaires, de l’École de Francfort
à l’écologie scientifique - L’utopie écologique d’Aldous Huxley,
par-delà le socialisme et le capitalisme - Les intuitions écologiques du « Gandhi italien »,
Aldo Capitini - Le « libéralsocialisme » de Piero Calamandrei
face à la folie atomique - La réémergence de la critique conservatrice des années 1930
- 7 La vague de « contestation » des années 1960-1970, foyer d’un renouveau écologique
- La « croissance » en question
- Temps de doutes, de malaise et de « contestation »
- De Herbert Marcuse à André Gorz :
les chemins d’un nouveau socialisme - Une renaissance écolo-libertaire contre-culturelle
- Ivan Illich, Murray Bookchin et l’invention
d’une écologie anti-autoritaire - De Mai 68 à la critique du productivisme en France
- La brèche tchécoslovaque : un socialisme
à visage écologique ? - La critique pionnière des scientifiques : du traumatisme
d’Hiroshima à « Survivre… et vivre » - Naissance de l’écologie politique en France
- Les tendances conservatrices de l’écologie politique allemande
- Les sources allemandes de l’éco-socialisme
et de l’éco-communisme - La nouvelle utopie d’une société « verte » : l’Écotopie
- 8 La montée d’une prise de conscience mondiale :
de la Journée de la Terre au Club de Rome- Un début de conscience planétaire écologique
- De l’Appel de Menton à la Conférence de l’ONU
sur l’environnement - Le Club de Rome et le « laboratoire » de l’OCDE :
la rencontre de Bellagio - Le choc du rapport The Limits to Growth
- Premières « résistances » anti-écologiques :
le symptôme communiste - Méfiance et rejets de la gauche progressiste
- L’allergie anti-écologique des « néolibéraux » au Club de Rome
- La lucidité critique des libéraux des années 1930-1940
- 9 De la mue écologique avortée de la gauche
à l’échec de la relance altermondialiste- Les tentatives de mutation écologique du communisme
à l’épreuve de la crise - Les défis écologiques non résolus du socialisme réformiste
- Le noir bilan écologique du « socialisme réel »
et ses impasses définitives - La contre-offensive « néolibérale »
- Les perspectives enterrées de modèles économiques alternatifs
- L’échec écologique de toutes les gauches
- Crise du compromis fordiste et relance du capitalisme
- Altermondialisme, « limites de la compétitivité »
et enjeux écologiques - La redécouverte des « biens communs »
et sa portée écologique - Échecs et promesses de l’altermondialisme
- Les tentatives de mutation écologique du communisme
- Épilogue
Vers un éco-républicanisme conflictuel- Pour une autocritique démocratique
et écologique de la gauche - L’angle mort écologique du socialisme dominant
- La modernité complexe
- Vers un « progrès » écologique
- Liberté, égalité, fraternité écologiques
- La solidarité socio-écologique comme interdépendance
et décentration - Vers une citoyenneté démocratique écologique
- Une démocratie du long terme
- L’élargissement écologique de l’idée de « peuple »
- L’impasse politique de l’éco-conservatisme
- Nécessité et limites de l’éco-libéralisme
- L’éco-anarchisme, entre lucidité et illusions anti-étatistes
- Quel éco-socialisme ?
- L’éco-républicanisme, entre État-nation et cosmopolitisme
- Pour un éco-républicanisme conflictuel
- Pour une autocritique démocratique
- Notes
- Notes de l’introduction (pages 7 à 87)
- Notes du chapitre 1 (pages 89 à 146)
- Notes du chapitre 2 (pages 147 à 213)
- Notes du chapitre 3 (pages 215 à 305)
- Notes du chapitre 4 (pages 307 à 389)
- Notes du chapitre 5 (pages 391 à 442)
- Notes du chapitre 6 (pages 443 à 514)
- Notes du chapitre 7 (pages 515 à 585)
- Notes du chapitre 8 (pages 587 à 641)
- Notes du chapitre 9 (pages 643 à 720)
- Notes de l’épilogue (pages 721 à 820)
- Index
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