Dîners en ville, mode d'emploi : L'art de se passer les plats Guillemette Faure
Résumé
"Je hais les dîners, je n'y vais jamais" , assure Jean d'Ormesson, un des invités les plus courus de Paris. C'est un classique : grands dirigeants ou artistes en vue, tous se défendent d'en être. Quand on veut torpiller un adversaire, on lui reproche de trop les fréquenter. "Alain Juppé, c'est la politique des dîners en ville" , a dit Henri Guaino. Dîner en ville, ce serait dîner utile. Alors les dîners en ville, ce sont ceux des autres, les nôtres seraient de simples "dîners de copains" . Ne pas dîner fait partie des règles des dîneurs. Non sans humour, cet ouvrage recense les codes non écrits des dîners parisiens (ne pas dîner avec des gens avec qui on pourrait déjeuner, ne pas parler business même si on est là pour ça, mélanger "un peu tout le monde" à sa table...), les faux-pas des débutants (inviter des gens qui font le même métier, apporter du vin...) et les formules magiques ("appelle-le de ma part" , "ça ne sort pas de cette table... "). Moitié anthropologie divertissante, moitié guide pratique, Diners en ville s'appuie sur une soixantaine d'entretiens (dîneurs en vue, sociologues, observateurs étrangers...) et sur des reconstitutions de dîners mémorables - de celui où Carla Bruni rencontra Nicolas Sarkozy à ceux qui jalonnèrent l'ascension d'un Emmanuel Macron qui "ne mangeait jamais seul" . On y croise cet auteur de best-sellers qui comptabilise le nombre de couverts qu'il sert chaque saison ou cet escroc sorti de prison resté un invité très prisé. On en retient que la clé d'un dîner réussi est une question de réseau, pas d'assiette. Et que si les codes ont changé, le dîner en ville est loin d'être une pratique vieillotte et dépassée.
- Auteur :
- Faure, Guillemette
- Éditeur :
- Paris, Grasset, 2017
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (304 p.)
- ISBN :
- 9782246862833.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Introduction
- PREMIÈRE ÉTAPE Qui inviter ?
- La base : mélanger les genres
- Se croire original en mélangeant les genres
- Le mélange des genres rassure
- Le mélange des genres met à l’abri des accusations de networking
- Le mélange des genres libère la parole
- Le mélange des genres permet aux invités de ne pas se sentir en concurrence
- Le mélange des genres est un cadeau que l’on fait à ses invités
- On n’invite pas des gens qui pourraient déjeuner entre eux
- Tout le monde n’a pas la même définition du mélange des genres
- Il faut quelques inconnus pour donner des accents de sincérité à un dîner « conseil économique et social »
- Prétexter un fil rouge
- Si l’on n’invitait que les gens qu’on connaît, on ne rencontrerait personne
- L’essentiel n’est pas de connaître mais de prétendre connaître
- On peut tester un invité qu’on ne connaît pas
- Pièces clés du dîner en ville
- Les anciennes stars sont facilement disponibles
- Les politiques viennent car ça peut toujours servir
- L’artiste n’est maudit qu’en réputation
- Le décorateur gay met de l’huile dans la machine
- Le journaliste alimente la table en derniers potins
- L’invité multi-invité permet un benchmarking utile
- L’oracle montre le chemin
- La jolie fille n’a pas de prénom
- Les ministres de la Culture sont toujours disponibles
- L’invité étranger nous fait sentir français
- L’invité incongru est à manipulation délicate
- Une personne à remercier peut se cacher parmi les invités
- Les invités en disgrâce peuvent être les seuls à le savoir
- Les membres de la famille apportent l’ultime preuve qu’il s’agit d’un dîner privé
- Même quand on vous dit que vos enfants seront les bienvenus, ils ne le sont pas
- Les animaux des hôtes sont des personnes, pas ceux des invités
- Catégories
de dîners particulières- « Faisons un dîner » : Le dîner-embuscade est un blind date amicalo-professionnel
- Le dîner du monde de l’art offre autant de valeurs sûres que d’excentriques
- La comparution de l’homme politique du moment décide des valeurs montantes
- Les dîners post-attentat permettent de se dire qu’on fait front
- Le rendu ne l’est jamais complètement
- Le dîner de classe n’est pas très classe
- La base : mélanger les genres
- DEUXIÈME ÉTAPE Choisir son nombre, choisir son jour,
inviter par réajustations successives,
décliner en souplesse- La puissance invitante
- Madame invite
- Le nombre magique
- Si les invités sont peu nombreux, il faut compenser par leur QI
- Le nombre de dîneurs idéal est inversement proportionnel à l’âge
- On « dîne avec » jusqu’à huit
- Si on doit être huit, mieux vaut être neuf
- Personne n’invite 14 dîneurs
- On invite toujours plus que ce que l’on estime le nombre idéal
- Le grand buffet permet de s’assurer que tout le monde est là
- Un grand dîner n’en remplace pas quatre petits
- Le choix du jour
- Toujours inviter le même soir
- Le samedi soir est trop attendu
- Le dimanche soir vous catapulte parmi les intimes
- La semaine s’entend hors lundi
- Personne ne sait pourquoi le mercredi soir n’est pas un bon soir
- Le jeudi soir est le nouveau vendredi soir
- Lancer l’invitation
- Les mondains ne font pas de Doodle
- Tout le monde n’a pas été invité le même jour
- Les invités hameçons s’emploient discrètement
- Pour ne pas prendre de risques, on invite à « une dînette »
- On évite l’invitation collective par e-mail
- Un coup de fil plutôt qu’un bristol
- On envoie un pour-mémoire aux vieux, un save the date aux jeunes
- Un reminder le jour même avec un argument logistique
- Accepter immédiatement
pour pouvoir dire non ensuite- Un demi-oui ne fera pas plus plaisir qu’un vrai non
- Toujours assumer son annulation
- La puissance invitante
- TROISIÈME ÉTAPE Réussir son entrée
- Le dîner parisien
hors les murs- Les dîners en vacances sont la bouée de ceux qui s’ennuient
- Plus on est loin, plus on est content de se retrouver pour dîner
- Le dîner parisien hors-Paris doit inclure le local de l’étape
- Le « vous resterez bien dormir » est l’avenir du dîner
- L’appartement est construit
autour du dîner- L’appartement est un écrin à dîners
- Si l’on a un trop petit appartement ou si l’on habite loin, on peut inviter chez soi chez les autres
- Faites comme chez vous n’est surtout pas une invitation à faire comme chez soi
- On a tout fait tout seul… avec tel décorateur
- Quelle que soit la saison on allume un feu
- On est prié de mettre en scène son intimité
- On s’arrête devant la vue. S’il n’y a ni vue ni cheminée, un peu d’art fera l’affaire
- S’il y a un jardin ou une terrasse, on en profite
- Si l’on est très riche, on peut recevoir comme un pauvre, l’inverse est plus rare
- On n’est jamais trop habillé
- Si tu es underdressed, il faut être Lou Doillon ou start-upper milliardaire
- Si tu ne sais pas, tu mettras une robe noire
- La cravate est réservée aux patrons du CAC-40 et aux bouchers
- L’heure, ce n’est pas l’heure
- On arrive douze minutes après l’heure indiquée
- On ne vient pas
avec une bouteille de vin- Prenez garde à ceux qui vous disent de venir sans rien
- Les fleurs sont périssables. Raison de plus
- Une femme n’apporte pas de vin, un homme non plus
- Les friandises doivent avoir une histoire
- On n’apporte pas de cadeaux pour faire plaisir mais pour dire qui l’on est
- On ne se trompe jamais avec des cadeaux pour les enfants
- Permettez-moi
de vous présenter- On se tutoie après avoir appuyé sur la sonnette
- Si l’on ne vous dit rien sur quelqu’un, vous êtes supposé savoir qui il est
- Tout se joue à l’apéro
- L’apéro peut remplacer le dîner
- Le dîner parisien
- QUATRIÈME ÉTAPE Pour passer à table
il faut une table- La gratuité coûte cher
- Les grandes familles ne sont plus ce qu’elles étaient
- Les gens qui reçoivent sans compter ont tout de même compté
- Ce n’est pas parce qu’on est reçu à la maison qu’une entreprise n’est pas aux commandes
- Pas de plan de table
sans table- La table ronde ne place personne en Sibérie
- La table ronde ne peut pas être trop grande
- Avoir des petites tables permet de masquer l’effet de groupe
- S’il y a plusieurs tables, il faut laisser circuler
- Le buffet, c’est l’application du libéralisme au networking
- La belle vaisselle peut sauver le dîner mais le bon dîner ne sauve pas la vaisselle en plastique
- Jamais trop de fleurs, de nappes et de bougies
- Le problème de la lumière, c’est qu’elle s’achète éteinte
- Les invités viennent
pour le plan de table- Les basics ne changent pas
- La modernité s’intègre dans les vieux plans de table et pas l’inverse
- On ferme les yeux sur les briseurs de plan
- La tentation
de se rendre en cuisine- Chez les pauvres, la cuisine est dans le salon, chez les très riches, on peut faire salon dans la cuisine
- Inviter dans sa cuisine est un gage de créativité
- Certaines maîtresses de maison refusent d’être suivies dans la cuisine
- La gratuité coûte cher
- CINQUIÈME ÉTAPE Inviter à dîner suppose
de servir un dîner- On n’est pas là pour manger
- Il n’est pas indispensable de donner le menu
- On n’est pas obligé que ce soit bon
- Il n’est pas indispensable de cuisiner soi-même
- Faire faire par la femme de ménage, c’est faire soi-même
- Un homme aux fourneaux ne se cache pas pour faire la cuisine
- Celui qui raconte la table l’a préparée
- Les plats-signature contribuent à votre personal branding
- Toujours prévoir au menu un plat qui se laisse mijoter
- Il y a encore des gens qui croient s’encanailler avec un plat unique
- Même quand on prétend tout bouleverser, l’ordre reste le même
- Ne jamais être trop à la mode
- Les dîners en ville ne sont pas des lieux d’innovation
- Plus on en est loin, plus on mange terroir
- La barre de la prouesse s’est élevée
- Les saint-jacques et le caviar pour ne pas se tromper
- On ne sert des pâtes que lorsqu’on a les moyens de servir autre chose.
- Pas de fondue sans échangisme
- Le plat ethnique sera précédé du mot « vrai »
- Le fromage passe du tout au rien
- Il n’y a plus du sel mais des sels à table
- Le copain est celui qui
partage son pain- Il vaut mieux un plus petit dénominateur commun que des plats séparés
- Le plus fort est celui qui impose sa nourriture
- Manger léger est devenu un attribut du pouvoir
- Boire en faisant semblant
de boire moins- Pour la boisson aussi, less is more
- On n’échappe pas au champagne
- La bouteille arrive toujours avec une histoire
- Si le vin est très bon, on risque de ne pas pouvoir se resservir
- Faire boire ses invités plus qu’on ne boit
- Quand le roi ne boit pas, ses sujets n’ont plus soif
- Les bouteilles d’eau deviennent festives pour faire oublier l’ennui de ceux qui ne boivent pas
- Fumer permet de quitter la table
- La drogue doit être consommée naturellement
- Le service ne doit être visible
que des invisibles- Si la maîtresse de maison est toujours en cuisine, son absence perturbe le dîner
- Le personnel de service ne connaît pas forcément mieux la maison que les invités
- Comme la bouteille de vin, le personnel doit avoir une histoire
- On ne respecte l’ordre du service que si l’on est sûr que les invités partagent les codes
- Ne pas mettre de service pour ceux qui y sont habitués
- L’expression « à la bonne franquette » signale tout sauf que ce sera à la bonne franquette
- On n’est pas là pour manger
- SIXIÈME ÉTAPE Conversation
et vie de la table- On vient
pour la conversation- Les jeux de conversation peuvent être dangereux
- Toujours feindre de ne pas être là pour des raisons professionnelles
- L’obligation d’être personnel
- Le monde doit se rétrécir au fur et à mesure du dîner
- Ceux qui parlent
et ceux qui écoutent- Un bon hôte doit faire briller ses invités
- Il faut un berger pour garder le troupeau des conversations
- Aucun compliment n’est excessif
- On ne contredit pas, on éclaire
- En France, interrompre une conversation est une marque d’intérêt
- On ne se lance pas dans une consultation privée à table
- Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut se taire
- De quoi ne faut-il pas
parler ce soir ?- On ne parle pas d’argent à table
- On ne parle pas de l’entreprise du patron
- Depuis que la politique n’a plus de sens, on peut en parler à table
- Si l’on parle des médias, on en dit du mal
- La principale matière des dîners, c’est le dîner de la veille
- Les phrases les plus utiles
- « On passe à table ? »
- « Appelle-le de ma part »
- « Ça ne sort pas de cette pièce »
- « Ça se dit dans les dîners en ville… »
- « En fait, c’était vachement sympa »
- Accidents et sorties de route
- Le téléscopage d’invités
- Les idées politiques choquantes le sont moins si elles viennent des hôtes
- Personne n’assume la casse
- Gaffes et vacheries font entrer les dîners dans la postérité
- L’invité qui claque la porte a toujours tort
- La distribution des rôles
dans la conversation- La bonne locomotive se charge de l’animation
- L’invité qui fait un show peut le faire plusieurs fois
- Le faire-valoir creuse sa place pour la garder
- Le conférencier n’est pas toujours le plus érudit
- Le dissident de service permet de s’encanailler
- Il faut un invité pignouf, pas deux
- L’insupportable gastronome détecte un goût de noisette partout
- Les dames n’ont toujours pas
de place naturelle- Les dîners en ville manquent rarement d’hommes
- La place des femmes n’est toujours pas naturelle
- Les femmes seules le resteront
- Des happenings
pour éviter l’ennui - Le président à dîner
- Les présidents préfèrent les dîners en ville aux plateaux télé
- Les présidents préfèrent être vus dans des dîners en ville que dans des restos étoilés
- Un président à une table fait toujours son petit effet
- Le président est drôle quand plus personne ne l’est
- Le président doit parfois présider
- Ce n’est pas parce qu’un président parle de ce qu’il aime manger qu’il faut le croire
- L’important n’est pas d’avoir le président à dîner, mais d’avoir eu le président à dîner
- On vient
- SEPTIÈME ÉTAPE Montrer qu’on connaît
les usages, même
si on ne les respecte pas- Les mauvaises manières
dépendent de votre rang- Le savoir-vivre consiste à séparer le plus possible votre bouche de la table
- Puisque le corps n’existe pas, on ne va pas aux toilettes
- Les transgressions autorisées le sont collectivement
- Le pouvoir permet de se tenir mal
- Moins on est important,
plus on consulte son téléphone- On ne décroche pas
- Il y a des lieux pour ça
- L’utilisation de la caméra du smartphone rompt le charme de l’instant
- On ne prend pas de photos sans encouragement
- On ne photographie pas son voisin sans son accord
- On peut faire une photo de famille
- Les mauvaises manières
- HUITIÈME ÉTAPE Réussir sa sortie
et digérer son dîner- Savoir quand partir
- Les dîners qui se terminent tôt décrochent des invités moins disponibles
- On peut prendre les bretelles de sortie des dîners
- Il faut savoir repérer les signaux de fin de soirée donnés par l’hôte ou l’hôtesse
- Comment partir quand personne ne part
- Si l’on va ailleurs, on n’emmène pas la table avec soi
- Comment poursuivre la soirée sans l’hôte
- Les au revoir ou l’occasion
de la dernière chance- Le temps passé à la porte représente 20 % du temps passé à table
- Mais on peut encore attraper une carte de visite
- Mais on ne fait pas signer de livre d’or
- Ceux qui sont en voiture peuvent kidnapper les invités en vue
- Le débriefing commence dès la sortie de l’ascenseur
- Le dîner s’entend avec SAV
- Il n’est pas trop tard pour récupérer les coordonnées des autres invités
- Jusqu’à la prochaine invitation, les invités appartiennent encore à l’invitant
- On est tenu à une discrétion sélective
- Qu’est-ce qu’un dîner réussi ?
- Chacun sait définir le dîner raté
- Un dîner réussi ne vous sera pas nécessairement attribué
- Le dîner réussi n’est pas nécessairement un dîner où l’on a bien mangé
- D’un dîner réussi, on repart avec des nouveaux alliés
- Un dîner réussi est un dîner dont naît une œuvre ou une collaboration
- On repart avec du capital confiance
- Un dîner réussi efface les brouilles
- « On va vous dire au revoir et merci »
- Savoir quand partir
- NOTES
-
- Introduction
- PREMIÈRE ÉTAPEQui inviter ?
- La base : mélanger les genres
- Pièces clés du dîner en ville
- Catégories de dîners particulières
- DEUXIÈME ÉTAPEChoisir son nombre, choisir son jour, inviter par réajustations successives, décliner en souplesse
- Le nombre magique
- Le choix du jour
- Lancer l’invitation
- Accepter immédiatement pour pouvoir dire non ensuite
- TROISIÈME ÉTAPERéussir son entrée
- Le dîner parisien hors les murs
- L’appartement est construit autour du dîner
- L’heure, ce n’est pas l’heure
- On ne vient pas avec une bouteille de vin
- Tout se joue à l’apéro
- QUATRIÈME ÉTAPEPour passer à table il faut une table
- La gratuité coûte cher
- Pas de plan de table sans table
- Les invités viennent pour le plan de table
- La tentation de se rendre en cuisine
- CINQUIÈME ÉTAPEInviter à dîner suppose de servir un dîner
- On n’est pas là pour manger
- Ne jamais être trop à la mode
- Le copain est celui qui partage son pain
- Boire en faisant semblant de boire moins
- Le service ne doit être visible que des invisibles
- SIXIÈME ÉTAPEConversation et vie de la table
- On vient pour la conversation
- Ceux qui parlent et ceux qui écoutent
- De quoi ne faut-il pas parler ce soir ?
- Les phrases les plus utiles
- Accidents et sorties de route
- La distribution des rôles dans la conversation
- Les dames n’ont toujours pas de place naturelle
- Des happenings pour éviter l’ennui
- Le président à dîner
- SEPTIÈME ÉTAPEMontrer qu’on connaît les usages même si on ne les respecte pas
- Les mauvaises manières dépendent de votre rang
- Moins on est important, plus on consulte son téléphone
- HUITIÈME ÉTAPERéussir sa sortie et digérer son dîner
- Savoir quand partir
- Les au revoir ou l’occasion de la dernière chance
- Qu’est-ce qu’un dîner réussi ?
-
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