Coup de cœur

Dans ce premier roman Emmanuelle Favier nous parle des «vierges jurées», ces femmes des Balkans qui selon une coutume ancestrale ont fait le serment de rester vierges et de renoncer à leur condition de femme. Au cours d’une cérémonie rituelle, Manushe revêt des habits masculins pour désormais vivre comme un homme avec les droits et devoirs que cela implique. Elle va croiser des personnages tout aussi attachants qu’elle, notamment d’autres femmes émouvantes et généreuses. Leurs destins singuliers vont se mêler pour notre plus grand plaisir. On ne sait pas exactement où l’on est ni à quelle époque, et cela donne une dimension encore plus mythique au récit. Le roman parle du déterminisme, de la quête d’identité, de la construction de soi et du genre, thème assez complexe, mais traité avec beaucoup de finesse. Il parle aussi de désir, de sensualité, d’amour et de liberté. On est dépaysé, on est touché, on est étonné. L’écriture est superbe, le vocabulaire recherché. Les paysages et la nature grandiose sont magnifiquement décrits. Pourquoi ce titre ? En fait les femmes, tout comme les rivières, doivent surmonter de nombreux obstacles pour trouver leur place et atteindre leur but. C’est une jolie image pour illustrer cette histoire qui peut être lue comme un conte. Il est difficile d’en dire plus pour ne pas tout dévoiler. Ce roman réserve de beaux moments de lecture et de nombreuses surprises. Un livre qui ne laisse pas indifférent et que l’on garde longtemps en mémoire. (A.P.)