Coup de cœur

"Car c'est à Louis-le-Grand, en février 1827, dans la classe d'Hippolyte Vernier, qu'il foula pour la première fois le parvis sacré du temple solennel, dans ce royaume des mathématiques dont très vite il devint le souverain. Quelle fut sa réaction ? Un mélange, je crois, de plaisir et de soulagement, d'allégresse, de joie, une éclatante révélation [...] " La vie du génie mathématique Évariste Galois (1811 Bourg-la-Reine - 1832 Paris) fut marquée par l'urgence, voire une certaine frénésie : tragiquement pressé, courant vers sa fin comme une flèche vers sa cible, il fut tué en duel à 20 ans d'une balle à l'estomac pour une "cocotte". La nuit précédente, comme possédé par un esprit vaudou, Galois jettera sur le papier, en griffonnages fébriles, - "je n'ai pas le temps" y écrira-t-il -, ses idées venues d'ailleurs qui allaient radicalement changer les mathématiques jusqu'à aujourd'hui. Après "Tu montreras ma tête au peuple", narrant les derniers mots de quelques grands personnages de la Révolution devant l'échafaud, François-Henri Désérable, par ailleurs hockeyeur professionnel qui sur le terrain se reconnaît volontiers bagarreur, semble avoir trouvé en Évariste un frère en énergie vitale : dans ce roman allant crescendo à l'image de la vie du jeune génie, son écriture, érudite, châtiée, et nerveuse, laisse parfois gicler quelques mots anachroniques et crus comme des pépites de lave incandescente. Précisons que nul besoin d'être grand matheux - Désérable a lui-même très honnêtement avoué n'y comprendre goutte - pour trouver son compte dans ce savoureux roman qui emporte tel un Boléro.