Les fruits défendus : socialismes et sensualité du XIXe siècle à nos jours Thomas Bouchet
Résumé
Socialismes et émancipation sensuelle sont-ils compatibles ? C’est à cette épineuse question que Thomas Bouchet tente de répondre en passant au crible du plaisir des sens deux siècles d’histoire des socialismes français. Depuis les harmonies sensuelles de Charles Fourier jusqu’au socialisme gouvernemental et pâlot d’aujourd’hui, via les colonies libertaires de la Belle Époque, les colonnes de "L’Humanité" ou encore les fêtes de Lutte ouvrière, deux tendances s’opposent : d’un côté, dominants, des socialismes anguleux adeptes de l’ascèse militante ; de l’autre, minoritaires, des socialismes tout en rondeurs qui intègrent la bonne chère, la fête et l’amour à leurs programmes. Un parcours étonnant et inédit, au terme duquel se dessine une autre histoire des socialismes.
- Auteur :
- Bouchet, Thomas
- Éditeur :
- Paris, Editions Stock, 2014
- Collection :
- Les Essais
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (352 p.) ; 215 cm
- ISBN :
- 9782234071063.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Table
- Introduction
- « Gauche rabat-joie » et « socialisme gourmand »
- Retour aux socialismes
- Socialismes et sensualité
- Se défier des sens
- Le fil ténu des socialismes sensuels
- Faire bonne chère, faire l’amour, faire la fête
- Les contours de l’enquête
- I Le nouveau monde sensuel de Fourier
à l’orée du XIXe siècle- « Citadelle sucrée », « canapés circulaires » : la sensualité sous toutes les coutures
- « Assemblées de travail, de repas, de galanterie » : sens, passions et association
- « Goinfres » et « hiboux » : le fade monde civilisé
- « Rien d’hostile aux bonnes mœurs » : les prudents replis phalanstériens
- II Les saint-simoniens et la tentation
de la chair vers 1830- « Jets suaves et mélodieux » : le pari saint-simonien de la tendresse
- « C’est la chair que nous réhabilitons, que nous sanctifions » : l’apothéose du monde sensuel selon Enfantin
- « Caressons la terre » : ascétisme et sensualité de Ménilmontant à l’Égypte
- « L’essai de la chair par la chair !!! » : la sensualité socialiste en actes (Claire Démar et quelques autres)
- III Une géographie socialiste anti-sensuelle
1830-1848- « Mangez poulardes et gros potage » : le saint-simonisme sensuel en ligne de mire
- « Le plus puissant de tous les antiaphrodisiaques » : les débuts de la croisade de Proudhon
- « Ces chapelets d’œufs de crapauds […] dans les marais fangeux » : front commun contre les socialistes sensuels
- Les « orgies du carnaval » : les socialistes et le peuple esclave
- « Un lait chaste et pur » : les socialistes entre Dieu et la matière
- IV Malaises en République
1848-1851- « Socialisme grossier » et « hommes-horloges » : l’épouvantail du socialisme sensuel
- « Que l’homme […] dompte sa chair » : les obsessions persistantes de Proudhon
- « Le ventre de la bourgeoisie est un sépulcre ouvert » : la retenue socialiste sur la sensualité
- « La propriété, c’est le viol » : actes et paroles de femmes « saucialistes »
- V Socialismes couleur muraille
1851-1870- « Ivre, béate, les yeux clos » : l’anti-socialisme de Gustave Flaubert
- « Ébrancher les jets parasites de l’alimentation » : offensives socialistes contre les plaisirs du goût
- « Guerre à l’impudicité, et malédiction sur la femme libre » : l’acharnement de Proudhon
- « Vierge-Mère » et « union des âmes » : le socialisme et la femme désincarnée
- VI Sensualités d’un exil à l’autre
1851-1880- « Quand il leur plaît, comme il leur plaît, avec qui il leur plaît » : la sensualité libertaire de Joseph Déjacque
- « La douce influence d’un mets succulent ou d’un vin généreux » : de timides réveils sensuels à la fin du Second Empire
- « Abstèmes, créophages, végétariens et gastrosophes » : éclats de sensualité sous la Commune et en exil
- VII Immoralisme bourgeois, pureté militante
1880-1914- « Ces messieurs du Jockey-Club et leurs Nana » : les drapeaux de l’ascétisme, de Jules Guesde à Charles Rappoport
- « De joyeux biftecks d’une ou deux livres » : collectivisme et droit à la paresse selon Paul Lafargue
- « Parfaitement égaux et habillés en cyclistes » : le collectivisme entre caserne et lupanar
- « Purs syndicalistes » et « mère féministe » : deux inclassables figures fin-de-siècle
- VIII Sensualités de papier : de l’allusion au manifeste
1880-1914- « Que votre pensée en s’élançant vers l’azur ne cesse de sentir ses racines » : Eugène Fournière et l’association corps-esprit
- « La musique d’alcôve du Cantique des Cantiques » : la retenue de La Revue socialiste
- « Le goût de la volupté ne peut qu’aiguiser le goût du travail » : mariage, sensualité et amour chez Léon Blum
- « Marcellin s’éveilla sous la caresse tiède d’un baiser » : socialisme et attraction selon François Jollivet-Castelot
- IX Sensualité revendiquée, sensualité pratiquée
1880-1914- « Épanoui ! Dilaté ! Heureux de corps ! Souriant d’esprit ! » : les délices et les tourments de Marcel Sembat
- « Les chevelus, les “sans chapeaux” » : chemins de traverse anarchistes
- « Amour libre », « amour plural » : la sensualité amoureuse en anarchie
- « Nous chérissons cette guenille » : l’émancipation des corps anarchistes
- « Sans carcasse il entrait dans la catégorie des mets prolétariens » : les intermittences de la sensualité
- « Et l’on dansa jusqu’au coucher du soleil » : les terres inconnues des pratiques sensuelles populaires
- X Socialismes sacrificiels
1914-1936- « La tempête a fait monter la vase à la surface » : les grandes manœuvres contre la débauche, 1914-1918
- « La Russie où les hommes et les femmes sacrifient littéralement leur vie pour la propagande » : la joie pure du militant communiste
- « Ce n’est pas avec des fêtes à la guimauve qu’on les intéressera » : le modèle festif communiste
- « Réaction petite-bourgeoise contre la morale petite-bourgeoise » : les communistes face au chaos sexuel
- XI Demi-teinte et chemins de traverse
1918-1939- « Les mères de famille modèles […] reprisent les chaussettes avec conviction » : les pudeurs des socialistes SFIO
- « La sexualité avait cessé d’être le fruit défendu » : un nouveau cavalier seul des anarchistes
- « La quête charnelle m’avait délivré de la ségrégation sociale » : Daniel Guérin, militant sensuel
- « Travailler à l’épanouissement complet de toute la personne humaine » : l’expérience sensible du Front populaire
- XII Bonjour tristesse
de 1939 au milieu des années 1960- « Une espèce de coquetterie naturelle et simple » : les années sombres de Léon Blum et des socialistes (1939-1944)
- « La fable grossière des femmes soviétiques mises en commun » : le PC, les jeunes, les femmes
- « Elle murmurait comme un aveu : “le Parti” » : le militantisme communiste aux yeux d’Aragon
- « Nous, les sentimentaux du Parti » : la SFIO dans la grisaille d’après-guerre
- XIII Bourgeonnements et floraison ?
1944-1968- « Empêcher les révolutionnaires […] d’être des pisse-froid » : libertinage et communisme chez Roger Vailland
- « Poursuivre conjointement la révolution sociale et la révolution sexuelle » : Daniel Guérin, socialiste libertaire excentrique et sensuel
- « Vérité, Beauté, Poésie, elle est tout […] excepté soi-même » : l’émancipation féminine en débat (Breton, Beauvoir)
- « Doazan n’aime pas Fourier / C’est qu’il est constipé » : le vent printanier de Mai 1968
- « De faux révolutionnaires à démasquer » : allergies printanières au PC et à la SFIO
- XIV Jouir sans entraves ?
969-1981- « Prolétaires de tous les pays, caressez-vous ! » : groupes et journaux militants et sensuels autour de 1970
- « La révolution et l’amour vont bien ensemble » : lutte sociale et question sensuelle chez Lip
- « À poil, les militants ! » : Sexpol et Sorcières, 1975-1980
- « Fourier encore, toujours ! » : phalanstère seventies
- XV Encombrante sensualité
1969-1981- « Une atmosphère champêtre […], un peu charnelle » : le très relatif assouplissement communiste
- « La révolution, ce n’est pas la caserne, mais ce n’est pas non plus le bordel » : continuités puritaines du PC
- « Un apolitisme nommé désir » : raideurs doctrinales à l’extrême gauche
- « Le haut-relief d’une morale stoïcienne » : PS et PSU couleur pastel
- XVI Socialismes et sensualité dans le brouillard
de 1981 à nos jours- « Je vis la France dans mes veines, je la sens avec mon odorat » : François Mitterrand, un homme sensuel
- « Cette année, j’ai fait des fritons de canard » : l’édulcoration du Parti socialiste
- « J’ai trouvé terribles les années 1980 » : les reflux féministes sur les questions de sensualité
- « L’huître ouvrière » : modèles militants à la gauche du PS
- Péril sur le socialisme et péril sur la sensualité au début du XXIe siècle ?
- Conclusion
- Histoires d’huîtres
- Hors des sentiers battus
- Les redéfinitions de la question sensuelle
- Affaires de familles
- Inquiétante sensualité
- Notes
- Introduction
- I. Le nouveau monde sensuel de Fourier à l’orée du XIXe siècle
- II. Les saint-simoniens et la tentation de la chair vers 1830
- III. Une géographie socialiste anti-sensuelle 1830-1848
- IV. Malaises en République 1848-1851
- V. Socialismes couleur muraille 1851-1870
- VI. Sensualités d’un exil à l’autre 1851-1880
- VII. Immoralisme bourgeois, pureté militante 1880-1914
- VIII. Sensualités de papier : de l’allusion au manifeste 1880-1914
- IX. Sensualité revendiquée, sensualité pratiquée 1880-1914
- X. Socialismes sacrificiels 1914-1936
- XI. Demi-teinte et chemins de traverse 1918-1939
- XII. Bonjour tristesse de 1939 au milieu des années 1960
- XIII. Bourgeonnements et floraison ? 1944-1968
- XIV. Jouir sans entraves ? 1969-1981
- XV. Encombrante sensualité 1969-1981
- XVI. Socialismes et sensualité dans le brouillard de 1981 à nos jours
- Conclusion
- Index des personnes et des personnages de fiction
- Remerciements
- DANS LA MÊME COLLECTION
- Index
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