Se trouver : dialogue sur les nouvelles souffrances contemporaines Anne Dufourmantelle, Laure Leter
Résumé
Une psychanalyse est une enquête risquée, sans assurance d'arriver jamais au terme de la recherche. Pas de certitude d'être dans la vérité d'une origine ni de résolution définitive à l angoisse. Et pourtant il est question de se trouver. Une trouvaille pareille à nulle autre. Parce qu'il faut du courage pour l'entreprendre, et parce qu'il y a de la douceur aussi dans le cheminement de cette rencontre avec soi. À partir des souffrances et des angoisses mais aussi des espérances que notre société entretient, Anne Dufourmantelle répond aux questions de Laure Leter. Ce dialogue passionnant explore de nombreuses situations cliniques et les nouvelles maladies de l'âme, comme la fatigue, la solitude affective, l'angoisse, les insomnies... Comment la psychanalyse, tant décriée aujourd'hui, peut-elle encore nous aider à moins souffrir ? En quoi peut-elle donner du sens à ce que nous vivons ?
- Auteur :
- Dufourmantelle, Anne (1964-....)
- Auteur :
- Leter, Laure
- Éditeur :
- Paris, J.-C. Lattès, impr. 2013
- Genre :
- Entretien
- Langue :
- français.
- Mots-clés :
-
- Nom commun :
- Psychanalyse | Souffrance
- Description du livre original :
- 1 vol. (174 p.) ; 21 cm
- ISBN :
- 9782709636902.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- TABLE
- Avant-propos
- Introduction
- 1. La fatigue, premier signe d'un épuisement de l'être
- Laure Leter : Beaucoup de gens aujourd'hui se disent « fatigués », est-ce un symptôme ?
- Alors comment une psychanalyse peut-elle envisager la fatigue, dans la mesure où elle n'est pas suffisamment grave pour justifier une prise de médicament ? Peut-on en guérir ou seulement apprendre à la supporter ?
- Cette fatigue serait-elle une forme de ce que vous appelez dans La sauvagerie maternelle, la « dépression blanche » ?
- La fatigue, nous la connaissons tous… Elle est directement liée aux contraintes exercées par le travail, la vie de famille, les difficultés économiques. Ces contraintes n'apparaissent pas insurmontables de prime abord mais, menées de front, elles finissent par user… parfois jusqu'au burn-out.
- La contrainte, et donc la fatigue, ne sont-elles pas inévitables dans une vie active ?
- D'où vient ce rapport à la contrainte ?
- Des enfants encore jeunes, un travail exigeant, il paraît assez attendu que cet homme soit fatigué. En quoi la psychanalyse pourrait-elle l'aider ?
- Le métier d'architecte, dans ce cas, n'est pourtant pas dénué de créativité ?
- Cet homme s'accorde tout de même d'aller souvent au cinéma, pour se délasser, presque clandestinement. Est-ce que cela ne suffit pas à compenser ?
- Pourquoi agir « en cachette » surtout pour quelque chose qui n'est pas répréhensible ?
- Cet homme, qui semble n'avoir de temps pour rien, trouve le temps de voir ces films. Est-ce à dire qu'il y a des domaines dans lesquels la fatigue s'efface ?
- Mais la fatigue, c'est tout de même une réalité !
- Comment l'analyste intervient-il ?
- Pourquoi un homme fatigué viendrait-il en analyse ?
- Quels types de perte ?
- Et puis il y a la question de la paternité, en pleine mutation aujourd'hui.
- La fatigue, c'est aussi celle du désir dans un couple. Désir épuisé ou absent, dont l'effacement est mis sur le compte de l'enfant ?
- Une analyse, c'est un processus assez long ? Au bout de combien de temps peut-on en ressentir les effets au quotidien ?
- 2. La solitude affective
- Le mal-être d'une femme célibataire est-elle une raison suffisante pour entreprendre une analyse ? Comment la question peut-elle être abordée ?
- Comment qualifier un célibat dont on souffre ?
- Qui serait cet autre si secret ?
- On peut donc être seule et néanmoins être déjà « prise » ?
- Imaginons une femme seule comme on en voit tant. Elle va à des fêtes, elle prend des rendez-vous sur Internet, elle a des aventures – comme on dit – d'une nuit ou de quelques mois, mais toujours la solitude se referme sur elle. Elle se présente comme étant ouverte à la rencontre, mais désabusée. Comment un psychanalyste peut entendre sa souffrance ?
- De quel danger parlez-vous ? Celui de réunir amour et sexualité ?
- Vous parliez au début de l'entretien de loyautés cachées ?
- Être le « phallus » de sa mère… ?
- Comment ce schéma « totalitaire » peut-il être abandonné ?
- Comment aidez-vous ces femmes qui vous disent « je veux rencontrer un homme, fonder une famille mais je n'y arrive pas… » ?
- Concrètement, ça veut dire quoi ?
- Il s'agit alors de retrouver une forme de solitude choisie ?
- Qu'entendez-vous par « capacité » de solitude ?
- 3. La relation d'emprise
- On parle beaucoup, en ce moment, des pervers narcissiques : de nombreux livres leur ont été consacrés récemment, des articles de journaux ont relaté les témoignages de victimes de ces « prédateurs des temps modernes »… Pourquoi maintenant ?
- Pourquoi une femme tomberait-elle amoureuse de l'homme que vous venez de décrire ?
- Comment alors se libère-t-on d'une telle emprise ?
- Comment comprend-on ce comportement ?
- Un être sous emprise le sait-il ?
- Le travail psychanalytique avec les femmes sous emprise est-il compliqué ?
- Que vous disent ces femmes quand elles viennent vous voir ?
- Le thérapeute désigne-t-il le mari comme un agresseur ?
- Est-ce si facile de remonter vers le passé au moment où le système s'est mis en place ?
- Comment peuvent-elles se reconstruire ?
- Que se passe-t-il quand la loi intervient ?
- Quels pourraient être les bénéfices d'une analyse ?
- 4. Amours déçus ou de la répétition
- Qu'est-ce que la répétition inconsciente ?
- Comment sait-on qu'il s'agit d'une répétition ?
- Dans quel type de répétition une personne aujourd'hui peut-elle être prise ?
- Qu'est-ce que l'on « déplace » sur une autre scène, comme vous dites ?
- Quand vous soulignez que le vrai trauma est sans doute du côté de l'identification féminine, que voulez-vous dire ?
- La psychanalyse peut-elle aider face à des scénarios répétitifs ?
- Que tente-t-on de réparer exactement ?
- Une analyse peut-elle aider à lever l'interdiction de se représenter l'aliénation ou la falsification de son histoire dans laquelle un être est pris ?
- Comment le transfert peut-il échouer ?
- La répétition, c'est aussi ce qui se vit comme un échec. On peut être obligé d'interrompre son analyse parce que l'on n'a plus de temps, ou d'argent ou les deux…
- Aborder le problème par l'angle de la volonté ne sert donc pas à grand-chose ?
- Comment l'analyste peut-il amener à un changement de regard sur soi ?
- Quelle influence cela peut-il avoir dans un couple ?
- Dans ce cas, à quoi pourrait ressembler une « guérison » ?
- 5. Le pacte incestueux
- Où commence l'inceste ?
- Les sentiments comme anesthésiants ? Que voulez-vous dire ?
- Il y a davantage d'inceste père-fille ou fils, du moins reconnus. Quel est le rôle des mères : elles ne voient rien, ne savent rien ?
- Incestuel, ça veut dire quoi ?
- Comment imaginer l'impact de cet inceste sur l'univers affectif de celui qui l'a subi ?
- Cette hyper sexualité empêche-t-elle celui qui a l'air de s'en sortir « bien » de s'engager affectivement ?
- Un enfant sait-il toujours qu'il a été abusé ?
- De quelle façon parler d'un inceste en analyse ?
- Une partie du travail de l'analyste est de pointer cette folie…
- Voir les choses telles qu'elles sont, ce peut être très douloureux pour un enfant comme Hugo devenu grand…
- Pourquoi est-ce si difficile d'affronter le père incestueux, même en analyse ?
- Cela signifie-t-il qu'il n'est pas nécessaire de résoudre ses contradictions ?
- Dans les cas d'incestes avérés, encouragez-vous vos patients à porter plainte ?
- Vous pensez qu'obtenir la reconnaissance sociale de l'agression n'aide pas la victime ?
- 6. L'indivision familiale, un exemple de fusion
- Les situations d'indivision matérielle sont assez fréquentes dans les familles : suite à une succession, par exemple, on devient propriétaire d'une maison de vacances avec ses frères et sœurs. Parfois ça se passe bien, parfois moins : on n'arrive pas à se mettre d'accord sur les dates ou sur les réparations nécessaires pour l'entretien, certains s'en occupent, d'autres jamais… Pourtant, personne n'arrive à s'en séparer. Est-ce un symptôme ?
- Comment cela se manifeste-t-il ?
- Quand vous dites qu'une partie d'eux-mêmes est aux autres, qu'est-ce que cela signifie concrètement ?
- Sortir de l'indivision, ça risquerait de créer des drames, des histoires de valeurs de la part de chacun, avec toute la dimension affective que ça comporte ?
- De quels types de déperdition parlez-vous ?
- Il existe pourtant des indivisions réussies ?
- Quels sont les indices d'un rapport névrotique à un lieu ?
- Comment se crée une indivision « psychique » familiale ?
- Faire un travail de séparation en analyse, qu'est-ce que ça signifie concrètement ?
- L'autonomie est-elle toujours l'un des enjeux de l'analyse ?
- Quand tout va mal, on peut imaginer qu'on n'a rien à perdre ?
- Pourquoi s'accrocher à un mode de vie dont on dit ne plus vouloir ?
- Qu'entendez-vous par « recours au réel » ?
- Vous voulez dire que nous créons notre réalité ?
- 7. L'enfant dit « hyperactif » ou l'épreuve de la vigilance
- La thérapie d'enfant est une pratique assez banalisée aujourd'hui, recommandée de plus en plus souvent par l'école. Qu'en pensez-vous ?
- Vous ne nous feriez pas le coup de l'enfant « surdoué » ?
- Est-ce l'enfant que l'on désigne aussi par le qualificatif « hyperactif » ?
- Pourquoi cette activité psychique permanente se répercuterait-elle dans le corps ?
- Que dire à l'inverse des comportements qui sont qualifiés de paresse ou de d'inhibition ?
- Comment un sentiment d'impuissance peut-il émerger chez un enfant ?
- Un enfant ne parle pas de ce qui le préoccupe comme un adulte. Comment un analyste peut-il aller à sa rencontre lors d'une séance ?
- Aller à sa rencontre, ça passe par le jeu ?
- Le principe du jeu, c'est de valider l'enfant dans ses perceptions ?
- Valider ses perceptions permet de soulager l'enfant ?
- Dans une thérapie d'enfant, comment ça se passe avec les parents ?
- Vous parlez d'agressivité refoulée, pourtant dans l'exemple que vous avez donné, la colère est ouverte, explicite ?
- Quel est l'impact sur les enfants des disputes entre les parents ?
- S'excuser non plus ?
- Cependant un enfant est parfois perturbé par une question sur laquelle il a des informations inconciliables, comme c'est par exemple souvent le cas en période de rupture…
- La transparence peut être un idéal…
- 8. La thérapie de couple : la place du témoin
- Aller voir un thérapeute peut aussi se faire à deux. Mais est-ce encore une psychanalyse ?
- Pourquoi un couple vient-il en analyse ?
- Le sentiment que la vie de famille est un carcan est-il fréquent ?
- La frustration que l'on ressent dans un couple n'est donc pas seulement liée à la relation elle-même mais aussi à nos propres refoulements ?
- La question des enfants apparaît-elle dans les thérapies de couple ?
- Comment intervient le thérapeute face à un couple ?
- Que se passe-t-il si la thérapie « réussit » : chacun reprend sa liberté ou au contraire le couple survit-il à la crise ?
- Peut-on, par exemple, traiter la jalousie comme un « symptôme » dans une thérapie de couple ?
- Vous parliez tout à l'heure du poids des contraintes familiales. L'éprouver si douloureusement, est-ce le signe d'une sortie d'adolescence impossible ?
- 9. De l'angoisse
- Qu'est-ce que l'angoisse ?
- Que signifient ces angoisses matinales ?
- Quand on est autant dans le contrôle, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), qui parlent justement en termes de bilan et de résultats, sont-elles plus rassurantes ?
- Que voulez-vous dire ?
- Pourquoi angoissantes ?
- Comment ce centre dévitalisé apparaît-il en analyse ?
- L'homme que vous décrivez est-il un psychopathe en puissance ?
- Est-ce à ce temps très archaïque que l'analyste va tenter de revenir ?
- Vous nous parliez des rêves…
- Quels rapports avec les rêves d'eau ?
- Je ne comprends pas : comment des exercices de visualisation de lui dans l'eau pourraient l'aider à dissoudre sa phobie ?
- Un des arguments des TCC, c'est qu'il faut s'exposer aux choses, arrêter de les « intellectualiser » ?
- Comment la parole soigne-t-elle ?
- 10. Frères et sœurs
- Un frère est un personnage crucial dans la vie d'une sœur, surtout lorsqu'ils sont seulement deux. Or, les relations dans une fratrie peuvent osciller de l'amour à la haine, en passant par tous les registres. Vous nous avez parlé de l'indivision familiale, la fusion peut-elle exister entre frère et sœur ?
- Revenons à la fusion frère-sœur, peuvent-ils former une sorte de couple ?
- Comment décrire cette intensité ?
- Qu'est-ce qui peut favoriser ce type de rapport frère-sœur ?
- Les liens incestueux entre frère et sœur sont-ils fréquents ?
- Dans le lien fusionnel, ce n'est donc pas tant l'intimité commune qui pose problème que le fait qu'elle devienne le seul référent ?
- Si dans une famille un frère et une sœur sont très proches, que devient par exemple le troisième enfant s'il y en a un, ou une ?
- Un rapport incestueux peut-il se manifester paradoxalement par une mésentente affichée ?
- Est-ce délicat, pour un analyste, de pointer ce type de pacte ?
- Le pacte lui-même peut-il se rompre ?
- La névrose, vous le dites souvent, est très conservatrice.
- Quand et comment se termine une analyse ?
- Pourquoi à ce moment-là ?
- 11. Les insomnies et le rêve Comment faire alliance avec le symptôme ?
- L'insomnie chronique touche, selon les statistiques, environ 20 % de la population française, avec des causes diverses, médicales et psychiques. Si certains profitent de ces nuits courtes pour travailler, créer ou lire, d'autres en souffrent. Peut-on agir sur une insomnie en analyse ?
- Qu'entendez-vous par « faire alliance » avec l'insomnie ?
- Que signifient ces associations ?
- Si je vous suis bien, les pensées obsessionnelles de cette femme autour de son travail étaient des écrans à des inquiétudes plus profondes et plus inconscientes ?
- On devrait donc se demander à quoi « sert » une insomnie ?
- Toutes les insomnies ne se ressemblent pas…
- Mais elle a une fonction d'alerte, n'est-ce pas ?
- Mais que veille-t-elle ? De quoi est-elle encombrée pour ne pas pouvoir se laisser aller au repos ?
- Vous avez écrit un livre sur l'Intelligence du rêve. Quelle place tiennent les rêves dans notre vie psychique ? L'Intelligence du rêve, Payot, 2012.
- Vous dites qu'on ne sait pas encore très bien à quoi sert le rêve ?
- Comment le rêve propose-t-il des solutions au rêveur ?
- Pour découvrir ce que vous désignez comme les vertus thérapeutiques du rêve, faut-il l'interpréter ?
- Pourquoi ne se souvient-on pas toujours de ses rêves ?
- Comment se souvient-on de ses rêves ?
- Oublier ses rêves, ne pas les noter, n'est-ce pas aussi une forme de résistance à l'analyse ?
- 12. Addictions
- L'addiction serait un des maux du siècle : drogues, tabac, alcool… Et de façon moins « chimique » pornographie, écrans, travail… Comment se tisse la dépendance à une substance, à une activité, à une personne ?
- Pourquoi est-ce si difficile de s'en sortir ?
- Pourquoi ?
- Comment se crée ce vide que l'addict ne cesserait de vouloir combler ?
- Qu'entendez-vous par là ?
- Comment vos patients vous parlent-ils de ce dont ils sont devenus dépendants ?
- Vous écrivez dans L'Éloge du risque qu'il faut « prendre le risque de la dépendance », que voulez-vous dire ? L'Éloge du risque, Payot, 2010.
- Comment aidez-vous ces patients ?
- L'alcoolisme peut-il tout à coup flamber vers la cinquantaine ?
- En guise de conclusion : Une analyse aujourd'hui ? Résistances et accord
- Le déni, le masochisme, ce sont aussi des formes de résistances dans une analyse ?
- Pourquoi toute réticence envers son analyste devrait-elle être interprétée comme une résistance ? On peut avoir d'autres – bonnes – raisons de sentir mal dans son analyse.
- Comment savoir si on a trouvé le bon psychanalyste pour soi ?
- Il existe des pratiques différentes, certains analystes lacaniens ne parlent pas, ils peuvent arrêter la séance au bout de dix minutes, n'est-ce pas abusif ?
- Peut-on dire que l'analyse guérit ?
- Il y a quand même des symptômes très handicapants dont on se déleste ?
- La psychanalyse est-elle un processus secret, dont on ne parle à personne ?
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