Coup de cœur

Jean-Christophe Rufin, médecin, pionnier du mouvement humanitaire, membre de l'Académie française depuis 2008 et ambassadeur de France au Sénégal de 2007 à 2010, revient sur le parcours qu’il a suivi, à pied, sur plus de huit-cent kilomètres, depuis Hendaye jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Le « Chemin du Nord », moins fréquenté que la voie habituelle des pèlerins car réputé plus difficile, longe les côtes basques et cantabriques puis traverse les montagnes des Asturies et de Galice. Dans un récit non dénué d’humour, il relate minutieusement toutes les étapes de son parcours, depuis la préparation de son sac à dos jusqu’à l’obtention de son diplôme de pèlerin. Aux descriptions de paysages se mêlent les sensations physiques et le cheminement spirituel. Il relève avec autodérision l’emprise prosaïque du corps sur le marcheur, notamment l’obsession des ampoules aux pieds, que redoute tout Jacquet (nom donné aux pèlerins de Compostelle), et comprend vite que la fatigue fait partie intégrante du voyage. En route, il rencontre d’autres pèlerins : c’est l’occasion pour lui de livrer une série de portraits, de celui qui se fait conduire en taxi à celle qui empêche le dortoir de dormir par ses ronflements bruyants. Mais il fait aussi l’expérience de la solitude et du silence, propices à la réflexion. Lui qui avait pris la route sans savoir ce qui l’attendait, sans motivation religieuse, en revient transformé : « En partant pour Saint-Jacques, je ne cherchais rien et je l'ai trouvé. » conclut-il de son expérience.