Coup de cœur

À près de 80 ans, Jake envisage sereinement l'avenir, grâce à la recette d'un tord-boyaux redoutable, le « Râle d'agonie », qui, selon un vieil indien, lui assurera l'immortalité. Mais suite à la mort de sa fille, il doit se battre pour gagner le droit de recueillir son petit-fils, l'administration rechignant un peu à confier l'enfant à un vieux solitaire excentrique, porté sur le jeu et la bouteille, réfractaire à toutes les contraintes sociales, travail et et impôt compris. Écumant avec une chance insolente les tables de poker de tout l'Ouest, il gagne de quoi se racheter une moralité aux yeux de l'état américain, et du même coup le droit d'élever l'enfant. Quelques divergences de caractère semblent éloigner le jeune Titou de son grand-père, en particulier sa passion pour les clôtures - qui n'enclosent rien d'ailleurs - ainsi qu'une relative sobriété, alors que toute forme de barrière répugne son alcoolique de grand-père. Mais, bien que l'idée de paternité lui soit étrangère, le vieil homme met tout en œuvre pour que l'enfant trouve sa place dans ce monde au seuil de la civilisation. Il lui apprend la patience, la liberté, le respect du rythme des saisons, du règne animal, et aussi la méfiance à l'égard des humains. Et puis un beau jour, un canard fait son apparition au sein de ce couple. Canadèche - c'est son nom - tout en bousculant la routine établie, va trouver tout naturellement sa place: on l'humanise, on lui parle, on lui apprend à jouer aux échecs, on l'emmène au cinéma. Avec « L'oiseau Canadèche », Jim Dodge nous offre un conte savoureux et surréaliste, plein de charme, de douceur et de fantaisie. Le ton est léger, incisif et l'humour décapant ! Une jolie leçon de vie, qui prône la tolérance et l'ouverture d'esprit, sans pour autant être moralisatrice. Un texte comme on aimerait en lire plus souvent.