Résumé

Il peut paraître ambitieux, voire prétentieux, de présenter à nouveau l'histoire des Quinze-Vingts après les ouvrages rédigés par Léon Le Grand, Brigitte Gauthier et tant d'autres. Le plus important est un désir de continuité, de mise au point chronologique. La très remarquable étude de Léon Le Grand ne s'est penchée que sur les anciens Quinze-Vingts et s'est arrêtée en 1780 au moment de leur translation au Faubourg Saint Antoine. Brigitte Gauthier n'a accordé qu'une place réduite aux Quinze-Vingts au milieu des "aveugleries" qu'elle dépeint largement dans l'espace et dans le temps. Il y avait donc un héritage à accueillir et à faire fructifier, d'autant plus que l'attitude de l'opinion publique a profondément évolué au cours des siècles. Alors qu'autrefois, l'aveugle suscitait une réaction sentimentale, sollicitude, commisération ou plus exceptionnellement, heureusement, moquerie, il s'est trouvé, dès le 18e siècle, et surtout à partir du 19e, que l'on s'est avisé de combattre la cécité en cherchant à la prévenir et à la traiter. De ce fait, plusieurs périodes jalonnent l'histoire des Quinze-Vingts. La première, née au 13e siècle, voit en 1780 l'Hospice créé par Louis IX pour "trois cent pôvres de Paris aveugles" quitter l'ombre du Louvre pour celle de la Bastille. Pendant un siècle encore, les Quinze-Vingts hébergent 300 aveugles, sans but thérapeutique. Amorcée par Louis XVI, au moins d'intention, à la fin du 18e siècle, la deuxième période débute réellement en 1880 quand naît la Clinique Nationale des Quinze-Vingts. Du fait de son activité, prévention et traitement prennent progressivement le pas sur la protection des aveugles. En 1974, complètement refondus, les Quinze-Vingts sont devenus l'un des centres mondiaux de l'ophtalmologie de pointe.