L'obsolescence de l'homme : sur l'âme à l'époque de la deuxième révolution industrielle, 1956 Günther Anders trad. de l'allemand par Christophe David

Résumé

" Tout le monde est d'une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile. Un travailleur à domicile d'un genre pourtant très particulier. Car c'est en consommant la marchandise de masse - c'est-à-dire grâce à ses loisirs - qu'il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse. Alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s'assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d'aujourd'hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse. Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d'être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c'est-à-dire payer les moyens de production dont l'usage fait de lui un homme de masse (l'appareil et, le cas échéant, dans de nombreux pays, les émissions elles-mêmes). Il paie donc pour se vendre. Sa propre servitude, celle-là même qu'il contribue à produire, il doit l'acquérir en l'achetant puisqu'elle est, elle aussi, devenue une marchandise. " " Le monde comme fantôme et comme matrice "

Auteur :
Anders, Günther (1902-1992)
Traducteur :
David, Christophe (1964-....)
Éditeur :
Paris, Éd. de l'Encyclopédie des nuisances,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Mots-clés :
Nom commun :
Société industrielle | Individu et société | Personne (philosophie)
Description du livre original :
360 p. ; 22 cm
ISBN :
2910386147.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Mentions légales
  • Quatrième de couverture
  • NOTE DE L'ÉDITEUR
  • NOTE DU TRADUCTEUR
  • DÉDICACE
  • PRÉFACE à la cinquième édition
  • INTRODUCTION
  • SUR LA HONTE PROMÉTHÉENNE
    • Paragraphe 1. Première rencontre avec la honte prométhéenne. Le Prométhée d'aujourd'hui demande : "Qui suis-je désormais ?"
      • 11 mars 1942
      • 13 mars
      • 14 mars
      • 15 mars
    • Paragraphe 2. Réfutation de trois objections : Premièrement la honte prométhéenne est absurde ; deuxièmement elle est invisible ; troisièmement elle est triviale.
      • Première objection.
      • Réponse.
      • Deuxième objection.
      • Réponse.
      • Troisième objection.
      • Réponse.
    • Paragraphe 3. Un exemple d'auto-réification : le make-up.
    • Paragraphe 4. Quelques exemples de "désertion" et de passage de l'homme dans le camp des instruments. Première calamité pour l'homme : son corps est "borné". Le "caractère borné" de son corps fait de lui le saboteur* de ses propres réussites.
    • Paragraphe 5. L'homme contemporain cherche à échapper à cette calamité en alignant son corps sur ses instruments grâce au "human engineering". Extrême perversion de l'offre et de la demande.
    • Paragraphe 6. Human engineering : le rite initiatique de l'époque des robots. La "déshumanisation" n'effraie pas le déshumanisé, car elle n'est pas de son ressort.
    • Paragraphe 7. L'attitude du nouveau Prométhée : une "soumission animée par une volonté d'hybris".
    • Paragraphe 8. Seconde infériorité de l'homme : il est périssable. Il est exclu de la "réincarnation industrielle". Son "malaise de la singularité".
    • Paragraphe 9. L'homme cherche à échapper à sa seconde infériorité par le recours à "l'iconomanie".
    • Paragraphe 10. Illustration historique de la honte : McArthur comme précédent.
    • Paragraphe 11. La honte comme trouble de l'identité. Le concept de "legs ontique". Le "moi" a honte d'être "ça", le "ça" a honte d'être "moi".
    • Paragraphe 12. Réfutation de l'objection (a) : aucune expression n'est "seulement métaphorique".
    • Paragraphe 13. Réfutation de l'objection (b) : le monde n'est pas aveugle.
    • Paragraphe 14. L'orgie d'identification comme modèle du trouble de l'identification. Le jazz comme culte industriel de Dionysos.
    • Paragraphe 15. La rechute. Le moi se rencontre lui-même comme un moi impuissant. L'échec dans le contexte du travail est la preuve par l'exemple de la "honte prométhéenne".
  • LE MONDE COMME FANTÔME ET COMME MATRICE
    • I. Le monde livré à domicile.
      • Paragraphe 1. Tout moyen est davantage qu'un moyen.
      • Paragraphe 2. La consommation de masse, aujourd'hui, est une activité solitaire. Chaque consommateur est un travailleur à domicile non rémunéré qui contribue à la production de l'homme de masse.
      • Paragraphe 3. La radio et l'écran de télévision deviennent la négation de la table familiale ; la famille devient un public en miniature*.
      • Paragraphe 5. Les événements viennent à nous, nous n'allons pas à eux.
      • Paragraphe 6. Puisqu'on nous fournit le monde, nous n'avons pas à en l'expérience ; nous restons inexpérimentés.
      • Paragraphe 7. Le monde livré est d'abord "familiarisé".
      • Paragraphe 8. Les sources de la familiarisation : l'univers démocratique ; familiarisation et marchandise ; familiarisation et science.
      • Paragraphe 9. La "familiarisation" est une forme raffinée de camouflage de la distanciation.
      • Paragraphe 10. L'aliénation est-elle encore un processus ?
    • II. Le fantôme
      • Paragraphe 11. Le rapport entre l'homme et le monde devient unilatéral. Le monde, ni présent ni absent, devient un fantôme.
      • Paragraphe 12. À la télévision, l'image et ce qu'elle représente sont synchrones. La synchronie est la forme appauvrie du présent.
      • Paragraphe 13. Digression : coup d'oeil rétrospectif sur une passion consumée. L'homme dispersé n'habite que dans l'instant. Les postes de radio et de télévision engendrent une schizophrénie artificielle. L'individu devient un "dividu".
      • Paragraphe 14. Tout ce qui est réel devient fantomatique, tout ce qui est fictif devient réel. Les grands-mères abusées tricotent pour de fantômes et sont transformées en idolâtres par la télévision.
      • Paragraphe 15. Les histoires de fantômes d'aujourd'hui : le monde fantôme et le monde réel entrent en collision. On menace un fantôme.
      • Paragraphe 16. Grâce au petit format de son écran, la télévision transforme tout événement en bibelot.
    • III. La nouvelle
      • Paragraphe 17. Une théorie pragmatique du jugement. Celui qu'on informe est libre, puisque ce qui est absent est à sa disposition ; il n'est pas libre, puisque au lieu de la chose même, il n'a droit qu'à son prédicat.
      • Paragraphe 18. Les émissions effacent la différence entre la nouvelle et son objet. Elles sont des jugements apprêtés.
      • Paragraphe 19. Les marchandises sont des jugements camouflés. Les fantômes sont des marchandises. Les fantômes sont donc des jugements camouflés.
    • IV. La matrice
      • Paragraphe 20. Le Tout est moins vrai que la somme des vérités partielles qu'il contient. Le camouflage réaliste des stéréotypes vise à faire de l'expérience un stéréotype.
      • Paragraphe 21. Le conditionnement des besoins. Les offres de la marchandise sont les commandements d'aujourd'hui. Les marchandises ont soif, et nous avec elles.
      • Paragraphe 22. Premier axiome de l'ontologie de l'économie : ce qui n'a lieu qu'une fois n'est pas. Digression sur la photographie.
      • Paragraphe 23. Second axiome de l'ontologie de l'économie : ce qui n'est pas exploitable n'est pas.
      • Paragraphe 24. Les fantômes ne sont pas seulement des matrices de l'expérience du monde ; ils sont aussi des matrices du monde lui-même. Le réel comme reproduction de ses reproductions.
    • V. Plus généralement
      • Paragraphe 25. Cinq conséquences : le monde "nous va parfaitement" ; le monde disparaît ; le monde est postidéologique ; ceux qui sont conditionnés ont été préparés à l'être ; l'existence n 'est pas libre dans ce monde.
      • Paragraphe 27. Encore une fois le réel comme reflet de ses reflets. La métamorphose de l'actrice V. en reproduction de sa reproduction.
      • Paragraphe 28. Ce n'est pas celui qui tient compte d'elle qui compte celle qui compte.
  • ÊTRE SANS TEMPS
    • Paragraphe 1. La pièce est une parabole négative
      • Paragraphe 2. Le mot d'ordre : "Je reste, donc j'attends quelque chose".
      • Paragraphe 3. Beckett ne met pas en scène des nihilistes, mais l'inaptitude des hommes à être nihilistes.
      • Paragraphe 4. La preuve de l'existence de Dieu "ex absentia".
      • Paragraphe 5. La vie devient un passe-temps.
      • Paragraphe 6. Les antipodes entrent en scène.
  • SUR LA BOMBE ET LES CAUSES DE NOTRE AVEUGLEMENT FACE À L'APOCALYPSE
    • Paragraphe 1. Il faut présenter de façon outrancière les objets dont l'importance est minimisée.
    • I. Premiers constats d'effroi
      • Paragraphe 2. Aujourd'hui, c'est nous qui sommes l'Infini. Faust est mort.
      • Paragraphe 3. La formule : "Tous les hommes sont mortels" a été aujourd'hui remplacée par celle-ci : "L'humanité peut être tuée dans sa totalité".
      • Paragraphe 4. La formule de Salomon "Ce qui a été, c'est ce qui sera, a été aujourd'hui remplacée par celle-ci : "Rien n'a été".
      • Paragraphe 5. Ce qui empêche d'empêcher.
    • II. Ce que la bombe n'est pas
      • Paragraphe 6. La bombe n'est pas un moyen. L'absolu est atteint, il est inutile d'aller plus loin.
      • Paragraphe 7. Suite. Les moyens justifient les fins.
      • Paragraphe 8. L'assassin n'est pas seul coupable ; celui qui est appelé à mourir l'est aussi.
      • Paragraphe 9. La parfaite réussite des essais nucléaires signe la fin de l'essai en tant que tel.
    • III. L'homme est plus petit que lui-même
      • Paragraphe 11. Nous vivons une époque où l'angoisse est devenue impossible.
      • Paragraphe 12. La principale cause de notre aveuglement face à l'apocalypse : le "décalage prométhéen". L'homme est plus petit que lui-même.
    • IV. La formation de l'imagination morale et la plasticité du sentiment
      • Paragraphe 13. Sur les exercices qu'il est devenu nécessaire de faire aujourd'hui.
    • V. Causes historiques de l'aveuglement face à l'apocalypse
      • Paragraphe 14. On ne croit pas à l'éventualité d'une fin ; on ne voit d'ailleurs pas de fin. La notion de progrès nous a rendus aveugles à l'apocalypse.
      • Paragraphe 16. Tâche suivante : élargir délibérément l'horizon de notre présent.
      • Paragraphe 17. Ce à quoi je ne peux rien ne m'intéresse pas.
      • Paragraphe 18. "L'instrumentalisation" : nous ne sommes plus des "agents" mais seulement des collaborateurs. La finalité de notre activité a été démantelée : c'est pourquoi nous vivons sans avenir, sans comprendre que l'avenir disparaît, et donc "aveugles à l'apocalypse".
    • VI. Annihilation et nihilisme
      • Paragraphe 19. L'acte n'est pas à l'image de son auteur, c'est celui-ci qui est à l'image de son acte. L'impératif actuel : "Ne possède que des choses dont les maximes d'action pourraient également devenir les maximes de ta propre action".
      • Paragraphe 20. Les deux visages du nihilisme.
      • Paragraphe 21. La bombe et le nihilisme constituent un syndrome.
    • VII. En guise de conclusion
    • VIII. Appendices
      • Appendice I. Sur la plasticité des sentiments.
      • Appendice II. Portrait du nihiliste.
        • 1. La dialectique d'Érostrate.
        • 2. La dialectique du moniste.
        • 3. Sublimation et ajournement du choc du monisme.
        • 4. L'avant-dernière phase du nihilisme.
        • 5. Irréfutabilité du nihilisme.

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